Page 9 - L'Economiste Campus: Guide 2023
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Employabilité CAMPUS
Sur quelles formations miser?
secteurs de souveraineté pour le Ma-
n Les spécialités classiques res- roc», estime, pour sa part, Mostapha
teront, mais seront réinventées Bousmina, président de l’Université
Euromed de Fès (UEMF). En santé,
par exemple, les besoins sont consé-
n Le digital s’invitera dans quents. Le secteur, qui accuse des
tous les métiers déficits monstres au Maroc et subit
une véritable fuite de compétences,
continuera à embaucher en masse des
médecins et personnels paramédical
n Ingénierie, management, dans les prochaines années. Et là en-
médecine, com… augmentés core, le digital fera partie intégrante
par les technologies des outils à maîtriser. Même schéma
pour l’énergie et l’agriculture, deux
domaines stratégiques pour le Maroc.
Les métiers du journalisme et de
LE monde continuera à se digi- la com, aussi, se retrouvent face au
taliser, et les machines à devenir plus défi de se réinventer, à l’heure du
intelligentes. A l’avenir, il est clair «Se contenter de ce qu’on reçoit à l’école ne suffit plus», prévient Ahmed Mouchtachi «deep fake», des big data, du Cha-
qu’il ne sera plus possible de faire qui insiste sur «l’apprentissage proactif» des étudiants. Une compétence désormais tGPT, et bien d’autres innovations
l’impasse sur le digital, et plus particu- incontournable, surtout en école d’ingénieurs. «Le parcours ingénieur est difficile. Il est qui arrivent. «Nous sommes amenés
lièrement sur l’intelligence artificielle important d’être motivé, de bien s’organiser, de s’adapter au travail d’équipe et de s’auto- à réadapter nos contenus à ces nou-
(IA). Tous les métiers comporteront former en permanence», conseille le directeur par intérim de l’Ensam Casablanca. Les veautés, pour répondre aux besoins
une dose de numérique et il faudra certifications en technologies sont ainsi essentielles et aux défis du marché. D’ailleurs,
bien s’y préparer. tils digitaux d’analyse et de pilotage de TBS Casablanca cite également nous sommes en train de revoir nos
Quelle que soit la formation choi- de la performance des entreprises. l’international business. Maîtriser le filières pour les orienter plus vers le
sie donc, il faudra s’assurer qu’elle soit Une spécialité de plus en plus prisée management interculturel, chercher digital, mais tout en gardant les fon-
revisitée pour intégrer les nouvelles par les sociétés à l’affût d’informa- des opportunités à l’étranger et tra- damentaux des métiers de la com et
technologies. «En ingénierie, je crois tions fiables et de tableaux de bord vailler à l’international tout en restant du journalisme», confie le manage-
fermement que les filières classiques, précis de leur business. «A l’avenir, dans son pays sont des compétences ment de l’ESJC Casablanca (groupe
comme le génie mécanique, électrique, avec les softwares, de nombreuses qui, selon lui, seront de plus en plus Eco-Médias).
industriel… doivent être revues pour activités pourront être pratiquées recherchées. S’il y a donc un domaine sur
satisfaire les exigences de l’industrie à distance, dont la consultation en «Les formations d’avenir, c’est lequel il faut miser, c’est bien le
4.0», relève Ahmed Mouchtachi, direc- audit et contrôle de gestion, le mar- l’IA et ses connexions avec des sec- digital qui sera au centre de tous les
teur par intérim de l’Ensam Casablan- keting… Les étudiants doivent s’y teurs comme la santé, l’agriculture secteurs.o
ca. Son école a été la première à lan- préparer», conseille Derrabi. Le DG et l’énergie, et qui sont d’ailleurs des Ahlam NAZIH
cer, en 2016, un master en big data. Il a
ensuite été mis à jour pour être orienté
«IA et génie informatique». «Tous les Le génie civil révolutionné par le numérique
lauréats de la 1re promotion, diplômée
l’an dernier, se sont insérés sur le mar- M OSTAPHA Bousmina
ché de l’emploi. Aujourd’hui, toutes insiste également sur les métiers
les filières doivent inclure l’IA. C’est de l’ingénierie. En génie civil, par
désormais un outil clé que n’importe exemple, l’UEMF a introduit cette
quel étudiant doit maîtriser», insiste année un nouvel outil, la méthode
Mouchtachi. Pour le directeur de l’En- BIM (Modélisation des infor-
sam Casablanca, les filières classiques mations du bâtiment) utilisée en
ne disparaîtront pas. Elles seront, tou- construction. Elle repose sur une
tefois, réinventées. plateforme informatique connec-
tant l’ensemble des intervenants
International business sur un chantier (architecte, bureau
d’études, bureau de contrôle, maître
Pareil pour les spécialités du mana- d’ouvrage...). La méthode fait aussi
gement. «Que ce soit le marketing, la appel à la construction modulaire
finance, la logistique… tous les métiers inspirée de l’industrie automobile.
continueront à exister, mais vont se re- La construction est ainsi segmentée
positionner en faisant appel à de nou- de manière précise. Chaque presta-
veaux outils de travail digitaux», sou- taire s’occupe de sa partie, et à la fin, gain de temps. Et à l’avenir, ce mode teforme d’impression 3D en Afrique
ligne Mohamed Derrabi, directeur de toutes les composantes fabriquées opératoire sera généralisé. (plus de 70 machines), selon son
Toulouse Business School Casablanca. sont assemblées. Toute l’opération Toujours en construction, président. «Nous pouvons construire
A TBS, dès la première année est numérisée et coordonnée au ni- l’UEMF se positionne aussi sur un appartement de 80 m² en 48 h»,
les étudiants sont initiés aux busi- veau de la plateforme. Cela permet l’impression 3D de bâtiments. L’uni- assure-t-il. o
ness analytics, data anaytics et ou- plus d’efficacité, de précision et de versité dispose de la plus grande pla-
Guide 2023 de l’enseiGnement supérieur 7