Page 13 - L'Economiste Campus: Guide 2023
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CAMPUS
à la rentrée de septembre
n La mobilité internationale renforcée
«L’université de demain devrait être digitalisée, de A à Z»
dotés de compétences transversales
et digitales, et ouverts sur le monde. C’EST désormais l’ère de l’université tout au long de la vie, selon le mi-
Cette année, une première promotion nistre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, et non celle où l’on vient
de doctorants-moniteurs, sélection- juste pour un diplôme. Une université qui vise l’empowerment des jeunes, qui
nés parmi les meilleurs, sera lancée. les aide à développer une «élasticité
Quelque 1.000 sont ciblés. Ils bénéfi- mentale», des compétences transver-
cieront d’une formation aux standards sales, ainsi que des connaissances en
relevés, ainsi que d’une mobilité à sciences humaines et sociales. Un
l’international. Une rémunération au- aspect cher au ministre. «Les lea-
tour de 7.000 DH par mois leur sera Le ministère ambitionne aussi ders de demain, dans tous les do-
octroyée. Mobilisés à plein temps pour de monter en cadence en matière de maines, devront être imprégnés par
leur thèse, ils seront mis à contribution mobilité internationale. Des négocia- les sciences humaines et sociales.
dans l’enseignement et l’encadrement tions ont été engagées avec l’UE pour Ces sciences devraient être dispen- Abdellatif Miraoui,
des étudiants. «Cela nous permettra augmenter le nombre de bénéficiaires sées de manière transversale à tous ministre de l’Enseignement supérieur
de renouveler cette excellente cohorte du programme Erasmus+. Le ministère les étudiants», estime-t-il. Comment
d’enseignants-chercheurs qui est en souhaite passer de 1.500 mobilités ac- Miraoui conçoit-il l’université maro-
tuellement à 15.000, soit dix fois plus. caine de demain? Eh bien, «digitalisée, de A à Z», avec des contenus scéna-
Il entend, en outre, renforcer la mobi- risés, et des enseignants de nouvelle génération. «Le professeur de demain dont
lité entrante au Maroc, surtout du côté je rêve pour mon pays est un expert, un coach, un animateur, et non quelqu’un
d’Afrique subsaharienne. Le Royaume qui professe devant 400 ou 500 étudiants sans réelle interaction», livre-t-il. o
reçoit plus de 20.000 étudiants subsa- Les concours post-bac bientôt supprimés?
hariens par an. «Nous souhaitons que
notre pays se positionne en hub uni-
versitaire. C’est aussi une question de
devoir vis-à-vis de nos pays frères afri-
cains. Par ailleurs, c’est une opportu-
nité d’internationalisation à domicile,
permettant à nos jeunes de s’ouvrir sur
différentes cultures», argue le ministre.
n Des écoles de coding gratuites
train de partir à la retraite, et qui a fait Le codage informatique fera son
le bonheur de l’université marocaine», entrée à l’université publique en 2023-
confie Abdellatif Miraoui. Les univer- 2024. Des écoles de coding, Code 212,
sités et écoles privées seront incitées à seront ouvertes dans plusieurs univer-
proposer le même modèle, à l’instar de sités. Un modèle pilote a été lancé en
l’UM6P, l’UIR et L’UEMF qui portent 2022 à Casablanca, au niveau de l’EN- «LES concours ne servent pas à grand-chose», pense Abdellatif Miraoui.
déjà des programmes similaires. «L’en- SAM. A la rentrée, d’autres devraient L’énergie et l’argent dépensés dans ces épreuves, le ministre préfère les investir
seignement supérieur n’est supérieur voir le jour dans plusieurs villes, dont dans des projets pédagogiques, para universitaires ou de recherche, ou encore dans
que par son volet recherche», insiste Rabat, Agadir et Kénitra. Elles seraient des bourses. «Nous devrions optimiser nos moyens et notre temps», insiste-t-il.
le ministre. abritées au sein d’écoles d’ingénieurs, Pour l’instant, les concours post-bac (médecine, ENSAM, ENCG, ENSA…) sont
mais aussi dans des facultés à accès maintenus, mais rien n’est moins sûr pour les prochaines années.
n 1.000 étudiants en mobilité natio- ouvert et autres établissements. Selon le ministre, le concours de médecine coûte près de 15 millions de
DH chaque année. L’an dernier, plus de 48.000 jeunes s’y sont pré-
nale, pour commencer Chaque université décidera sentés (57 centres d’examen mobilisés), pour décrocher quelque
Cette rentrée sera également mar- de leur emplacement. 3.489 places. Le seuil de sélection est de 12/20, or, les bacheliers
quée par le lancement de la mobilité «Ces espaces permet- avec cette moyenne qui réussissent l’examen ne dépassent pas
nationale des étudiants. Elle fait partie tront de cristalliser la 1,5 à 2% du total des admis. «Qui plus est, ils viennent de
des recommandations qui ont émergé culture numérique passer le bac! Nous leur en passons un deuxième», rappelle
des assises régionales. Les étudiants chez nos jeunes, et Miraoui. Par ailleurs, des bacheliers des régions éloignées ne
pourraient profiter d’un séjour linguis- leur offriront ainsi font pas le déplacement pour le concours en raison du coût du
tique, d’un ou deux semestres (5 à 10 une opportunité iné- voyage. «L’idée du test est de donner une deuxième chance
mois), dans une université ne relevant dite, quelle que soit aux candidats. Cependant, dans cette quête d’équité nous tom-
pas de leur région. Une manière «d’im- leur spécialité, pour bons dans l’iniquité», souligne le ministre. «Si l’on devait consa-
prégner leur identité riche et plurielle» acquérir une double com- crer de l’argent et des efforts importants, ce serait pour des jeunes
et de forger leur personnalité. Un pétence dans les métiers du de familles modestes», estime-t-il.
millier sont ciblés pour commencer. numérique», souligne Abdellatif Mi- Selon Miraoui, moins de 15% des étudiants en médecine sont boursiers, et
Cependant, cela dépendra de la pos- raoui. «Ces centres contribueront aussi donc appartiennent à des familles défavorisées. Dans les ENCG et écoles d’ingé-
sibilité pour les universités de financer à renforcer l’attractivité du Maroc au- nieurs, ils sont moins de 13%. Une catégorie à laquelle il faudrait accorder une
cette mobilité et d’assurer des capacités près des grands donneurs d’ordre dans chance d’intégrer des parcours d’excellence, et qu’il faudrait absolument accom-
d’accueil. Les universités décideront le domaine de l’économie numérique»,
du mode de sélection des bénéficiaires. conclut-il. o pagner pour la mettre sur le chemin de la réussite. o Ahlam NAZIH
Guide 2023 de l’enseiGnement supérieur 11