Page 16 - Guide de l'Enseignement Supérieur au Maroc
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GUIDE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR AU MAROC 2020
Ils racontent leur vie au Maroc
Ils ont opté pour le Maroc pour poursuivre leurs études supérieures. Ils l’ont choisi pour sa proximité, sa qualité d’enseignement, la simplicité des procédures... Aujourd’hui, ils sont des milliers à être venus
des quatre coins d’Afrique pour étudier dans les écoles et universités marocaines. Leur quotidien, leurs craintes, leurs surprises, les difficultés qu’ils ont rencontrées, ce qu’ils ont aimé… Quelques étudiants ont
accepté de se confier à L’Economiste et de partager leur expérience.
n «Liberté de culte, une belle preuve de tolérance» n «Pourquoi pas des centres
d’intégration pour les étrangers»
Gnizako Francesca, 2e année Global BBA à Emlyon (Côte d’Ivoire)
Kipoidi Abdul-Malik, Ecole Hassania des
«J’AI choisi le Maroc pour expérimenter la vie à l’étranger avant mon départ pour l’occident. J’ai toujours
voulu découvrir d’autres pays. Le Maroc nous a semblé le meilleur choix pour sa proximité avec l’Europe. C’est Travaux Publics (EHTP), président du club
aussi un pays qui a la même culture et les mêmes valeurs que mon pays, la Côte d’Ivoire. De plus, c’est plus facile BTP-EHTP (Togo)
pour moi de rejoindre ma famille pendant les vacances. J’ai donc fait des recherches sur internet dans le but de
repérer les meilleures écoles au Maroc. J’ai pu par la suite postuler pour Esca à Casablanca. Certains membres de «LE Maroc, je ne l’ai pas vraiment choisi. C’est
l’administration s’étaient même déplacés à Abidjan. Cette initiative nous avait confortés dans le choix du pays. plutôt lui qui m’a choisi. Après l’obtention de mon bac,
L’absence de visa entre le Maroc et la Côte d’Ivoire nous a aussi encouragés. J’ai ainsi effectué ma 1re année à j’ai eu l’intention de quitter mon pays pour poursuivre
l’Esca, pour ensuite rejoindre l’Emlyon où j’étudie actuellement. mes études ailleurs, car comme bon nombre de Togolais,
J’étais accompagné de mon père lors de mon arrivée au Maroc. Nous avions pris un hôtel pas loin de l’école, je croyais naïvement que l’herbe est toujours plus verte
pour ensuite opter pour la Résidence universitaire Ziraoui. ailleurs, et donc que les études au pays étaient pourries.
J’avais beaucoup d’appréhensions sur le pays avant, surtout mon père. Je m’étais renseigné sur le comportement
des Marocains vis-à-vis des subsahariens auprès de camarades qui résidaient déjà au Maroc. Certains se sont plaints
de racisme ... Ce qui m’avait un peu inquiétée. Au départ, je restais beaucoup avec des camarades subsahariens,
c’est ce qui me semblait le mieux. Puis, j’ai pu découvrir que certains marocains étaient accueillants et bienveillants
envers nous. Mon quotidien actuellement se déroule très bien. J’organise des sorties et des voyages avec mes amis.
Etant chrétienne, j’ai rencontré une communauté avec qui je pratique ma religion. Au départ j’avais peur, mais
j’ai très vite compris que le Maroc laissait aux étrangers la liberté de pratiquer leur religion. C’est une très belle
preuve d’hospitalité et de tolérance». o
n «Je n’aurais jamais cru le dire un jour: Je me plais au Maroc!»
Njel Emile Sandra, 3e année management à HEM (Cameroun)
«IL faut dire que le Maroc n'a jamais été une du visa ou au niveau de l'inscription à l’école, n'ont pas
option pour moi. Mon avenir je le voyais ailleurs. vraiment été contraignantes. Il m'a juste fallu rassembler
Mais le hasard a fait que je m’y suis installée suite aux tous les documents et aller les déposer à l'Ambassade du
conseils de mes proches. Au départ, je pensais y rester Maroc, et le soir même j’ai obtenu mon visa. Toutefois,
une année, le temps de relancer une procédure pour pour les procédures de séjour, ce n’était pas évident avec Il fallait à tout prix s’expatrier pour bénéficier d’une for-
une autre destination. Mais voilà que j’en suis déjà à les légalisations, les photocopies conformes et autres… mation solide. Etant donné que l’Etat marocain offre des
ma 3e année à HEM, et j’avoue que je me sens bien Mais si vous avez tout ce qu'il faut, alors tout va comme bourses d’études, c’était l’occasion pour moi de quitter
ici. Le Maroc a cette particularité de savoir retenir les sur des roulettes. le Togo. J’ai postulé à travers la Direction des Bourses et
étrangers. Les démarches, que ce soit pour l'obtention Je n’ai pas eu beaucoup de mal a m’adapter puisque, Stages togolaise qui reçoit des bourses marocaines.
d’un côté je suis arrivée au Maroc avec mes sœurs, et Je n’ai pas eu de démarches pénibles à suivre.
d’un autre j’ai eu de très bons camarades qui ont facilité L’Agence marocaine de coopération internationale
mon intégration. (AMCI) se charge d’inscrire les boursiers dans les écoles
Il y a de belles régions et villes à visiter dans le pays, retenues bien avant notre arrivée. Une fois au Maroc, j’ai
j’essaye d’organiser des voyages dès que je peux. J’ai été accueilli par un agent de l’AMCI qui m’a conduit
aussi la chance d’être bien entourée. Mes amis me font jusqu’à Rabat. Après avoir récupéré ma carte d’étudiant
découvrir pas mal d’endroits. En somme, je n’ai pas le auprès de l’Agence, j’ai pu m’installer dans l’internat de
temps de m’ennuyer! mon école. La première année a été plutôt difficile pour
Avant mon départ vers le Maroc, ma préoccupation moi. J’habitais à Fès et je ne me suis pas accommodé
majeure était de savoir si je pourrais pratiquer librement au climat facilement. Mon quotidien est essentiellement
ma religion (Chrétienne). Une fois sur place, j’ai com- rythmé par mes activités scolaires et parascolaires. J’aime
pris que le Maroc est un pays de tolérance dans lequel jouer au foot et je dois admettre que les terrains de foot ne
chacun peut pratiquer sa religion tout en respectant celle manquent pas au Maroc.
de l'autre. On pourrait penser que dans les pays musul- J’ai eu certaines contraintes lors de mon installation.
mans il n'y a pas d'autres religions, ou encore, que nous Les procédures administratives étaient quelque peu pé-
ne sommes pas libres de pratiquer notre religion, mais nibles à l’époque, notamment, lors de l’établissement de
c'est faux. La réalité est différente des stéréotypes véhi- la carte de séjour. Je pense que les autorités marocaines
culés. Aujourd’hui, je me plais au Maroc et je n'aurai devraient peut-être penser à créer des centres d’intégration
jamais pensé dire ça un jour». o pour les étrangers, afin de leur permettre une meilleure
adaptation à la vie et à l’économie marocaine».o
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