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Pourquoi apprendre c’est tout au long de la vie

  • Se former pour performer, au risque d’être «out»
  • Revoir les méthodologies de travail dans un monde qui avance

Dans un monde où le progrès technologique s’accélère, et où des corps de métiers font face à une multitude de bouleversements, la formation continue s’avère essentielle. Cette réalité a été largement discutée lors d’un récent débat de l’émission de L’Economiste, L’Heure des Experts, réunissant plusieurs responsables d’écoles et universités de renom.

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Les intervenants au débat de la dernière émission de L’Economiste, L’Heure des Experts, ont insisté sur la nécessité de «cultiver» auprès des étudiants l’importance du lifelong learning, dès l’école (Ph. Salah El Gareh)

Le constat est clair et unanime: les métiers d’aujourd’hui sont soumis à des transformations rapides et constantes.

Les avancées technologiques, telles que l’intelligence artificielle ou la digitalisation, redéfinissent les compétences requises sur le marché du travail, d’où l’importance d’investir dans la formation continue. «Étant donné que les métiers changent constamment, nous sommes obligés d’accompagner la formation initiale par de la formation continue, au risque sinon, d’être obsolète», explique le vice-président de l’université Euromed de Fès. En effet, la disparition de certaines professions, emportées par des vagues successives de progrès technique, théorisée par l’économiste Joseph Schumpeter sous le nom de «destruction créatrice», implique la nécessité de se remettre en question pour avancer avec son temps. Également connue sous le nom de formation tout au long de la vie (lifelong learning), la formation continue désigne le processus par lequel les individus acquièrent et développent des compétences au cours de l’ensemble de leur carrière professionnelle. Contrairement à la formation initiale, qui s’effectue par exemple à l’école, au collège ou à l’université, la formation continue intervient après l’entrée dans la vie active.

Diplôme, une simple «entrée en matière»

«Je n’aime pas le terme de projet de fin d’études en master, ou quand un étudiant se dit: ça y est, j’ai terminé mes études, cela prête à confusion. Apprendre, c’est tout au long de la vie», s’exprime Radouane Belouali, directeur de l’École internationale Mohammed VI de santé publique et du centre Mohammed VI de formation continue, relevant de l’UM6SS. «L’apprentissage n’a pas une fin, par contre, les études à l’école ont une date d’expiration», explique de son côté Salaheddine Chafouk, business development manager à l’Essec Business School Afrique, soulignant également l’importance de la notion de lifelong learning.

Il ajoute que «si l’on ne se met pas à jour, l’on risque d’être obsolète dans sa manière d’exercer son travail, ou dans les compétences mobilisées».

De nouvelles compétences s’ajoutent effectivement à n’importe quel métier, et dans n’importe quel type carrière, impliquant une perpétuelle quête de savoir dans un monde en mouvement. Cela à l’image des professions en lien avec le secteur de la santé. «Un médecin risque de perdre son métier dans quelques années ou d’être complètement out par rapport à l’utilisation de la technologie, s’il n’évolue pas dans ses pratiques en continuant à se former», souligne Hassan Esmili, ancien doyen-fondateur de la faculté des lettres et des sciences humaines de Casablanca et ex directeur du pôle études, recherche et appui aux instances du Conseil supérieur de l’éducation.

Esmili insiste par ailleurs sur la nécessité de cultiver auprès des étudiants l’importance de la formation continue, dès la formation initiale: «Il faut qu’au bout de trois, quatre ou huit ans d’études, le lauréat soit convaincu qu’il n’est qu’au début, et que son diplôme est une entrée en matière, pas une fin en soi».

Préparer l’offre de formation de demain

Bassma Jioudi, directrice de l’École supérieure Mohammed VI d’ingénieurs en sciences de la santé (UM6SS), pense «qu’il n’y a pas vraiment un métier d’avenir, par contre les bacheliers choisissent les métiers d’aujourd’hui». «Nous, en tant qu’acteurs dans la formation, nous avons ce devoir de préparer les offres de formation qui répondront aux besoins de demain», explique-t-elle. Lancée en 2014, l’école qu’elle dirige atteindra les 800 lauréats, avec la promotion de cette année, entre techniciens et ingénieurs, dans le secteur du bio-médical. Les profils formés sont présents au niveau des entreprises et des établissements sanitaires. Ils accompagnent déjà les mutations au sein du secteur de la santé, selon la directrice. Un secteur qui doit s’adapter à des bouleversements constants liés à l’essor des nouvelles technologies, et à la digitalisation du métier.

Une veille dynamique sur les métiers d’avenir

En 2023, le Forum économique mondial a publié un rapport intitulé «Future of job», qui précise les métiers de demain, c’est-à-dire les professions dynamiques et généralement ancrées à des secteurs en croissance. Parmi eux, l’informatique, le digital, l’intelligence artificielle, mais également les énergies renouvelables, la santé, l’éducation, la formation et tous les secteurs liés à l’industrie culturelle en général. «Cette notion de métier d’avenir ne veut pas forcément dire métier attractif», commente Taoufik Ouazzani, vice-président de l’université Euromed de Fès. Il ajoute que «c’est tout le travail de l’université de pouvoir procéder à une veille dynamique sur les métiers d’avenir, de manière à imaginer les formations, et surtout les compétences en mesure de satisfaire ces métiers».

De son côté, le doyen de la School of Aerospace and Automotive Engineering (Université internationale de Rabat), Mustapha Faqir, indique que «l’aéronautique est devenue l’une des locomotives de l’économie marocaine», et insiste sur le «besoin énorme» que représente ce secteur sur le marché national, constituant de ce point de vue, un domaine d’avenir. Autre activité à potentiel: l’aérospatial, secteur qui a réalisé un chiffre d’affaires de 20 milliards de DH en 2022 au Maroc. Une donnée qui laisse présager un «futur radieux» pour ce secteur, comme l’affirme le doyen de la School of Aerospace. Pour lui, il existe à terme «une ambition de produire un avion 100 % marocain».

«Il faut avoir les yeux très ouverts au niveau national et international, et trouver des niches ou des domaines qui peuvent apporter un plus chez nous au Maroc», affirme Radouane Belouali. Ce dernier insiste sur le rôle de son université, qui n’est «pas seulement de former, mais d’aller chercher les besoins, et de les construire», pour assurer l’avenir.

Laura Hue, (journaliste stagiaire)

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