Enseignement supérieur: La France indétrônable
- Premier partenaire académique et première destination des étudiants marocains
- Des centaines d’accords interuniversitaires signés
C’est incontestable, sur le volet enseignement supérieur et recherche, la France reste un partenaire de premier plan pour le Maroc. «La coopération entre nos deux pays dans le domaine est historique. Une bonne partie de nos enseignants a effectué ses études en France, et a gardé des liens étroits avec des laboratoires de recherche français», relève Ahmed Mouchtachi, président de l’université de Meknès, également coordinateur du réseau des écoles d’ingénieurs publiques.
Ces dernières années, les milieux universitaires relèvent une orientation plus marquée vers des pays anglo-saxons. Cependant, la France garde son statut de premier partenaire. «C’est aussi la première destination pour nos échanges étudiants, de plus en plus conséquents, surtout au niveau des écoles d’ingénieurs et de commerce», ajoute Mouchtachi.
Les Marocains représentent la première communauté étudiante dans l’Hexagone, avec quelque 45.162 inscrits en 2023 (Campus France). Le pays demeure celui qui attire le plus les Marocains, malgré un petit ralentissement ces dernières années, notamment en raison de la pandémie du Covid-19, et des récentes tensions diplomatiques, suivies par des restrictions sur les visas. En 2022-2023 par exemple, le nombre d’étudiants marocains en France a reculé de 3% en un an, selon Campus France. Cependant, dans l’esprit des jeunes Marocains, le pays reste pour l’instant indétrônable. Selon la dernière enquête L’Economiste-Sunergia sur les jeunes (2022), la France est la destination la plus convoitée par les 15-30 ans, suivie du Canada, des Etats-Unis et de l’Espagne.
Rapprochement entre écoles d’ingénieurs
En termes d’échanges et de collaborations scientifiques et pédagogiques aussi, la part de l’Hexagone est prépondérante, avec plusieurs centaines d’accords interuniversitaires (près de 476, selon le ministère de l’Enseignement supérieur). Actuellement, une réelle dynamique est enclenchée. Depuis début 2024, par exemple, un rapprochement entre écoles d’ingénieurs des deux pays a été initié. Il y a quelques jours, un accord-cadre, d’une durée de 5 ans, a été signé entre les réseaux des ENSA (13 écoles) et ENSAM (3), et celui des Polytech en France (16). L’objectif est de mettre en place des projets de collaboration académique et de recherche scientifique. La finalité étant de renforcer la qualité de la formation des ingénieurs et d’améliorer la visibilité des écoles à l’international. Mobilité des étudiants, enseignants et personnel administratif, organisation d’évènements, projets R&D, partenariats avec le monde industriel, développement de filières par apprentissage…, l’accord couvre plusieurs aspects. Un premier projet concret, impliquant l’ambassade de France au Maroc, serait bientôt dévoilé.
Les écoles françaises sont, par ailleurs, de plus en plus intéressées par une implantation au Maroc. Plusieurs ont déjà franchi le pas. Du côté du Royaume, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a ouvert, en janvier dernier, sa première antenne internationale à Paris.
Des écoles françaises à la conquête de l’Afrique via le Maroc
Le Maroc souhaite se positionner en hub pour l’enseignement, la formation et la recherche en Afrique. De grandes écoles françaises se sont arrimées à cette ambition. Plusieurs ont choisi de s’installer dans le Royaume dans la perspective d’une ouverture sur l’ensemble du continent. A partir de 2018, les enseignes françaises se sont organisées dans un réseau baptisé Africa Sup, sous la houlette de l’ambassade de France au Maroc. Les débuts sont difficiles, surtout avec la pandémie Covid qui a tout ralenti, mais le réseau espère monter en puissance, pour «booster son attractivité via le hub marocain». Le réseau compte plusieurs écoles, dont Toulouse Business School (TBS), l’Essec Afrique, l’EIGSI, Centrale Casablanca, l’EMINES (UM6P) et l’ENSAM. L’Emlyon et l’INSA faisaient également partie de ce groupement. Après avoir quitté le Maroc en 2022, l’Emlyon est revenue à travers un partenariat avec Centrale Casablanca en 2023. L’INSA a également choisi de se retirer du pays à partir de 2022. Toutefois, selon son management, l’école cherche à se réinstaller dans le Royaume en passant par un nouveau partenaire.
D’autre écoles, comme l’X, préfèrent intensifier leur collaboration avec des écoles et universités marocaines, sans pour autant s’implanter dans le pays.
Ahlam NAZIH