Qualité des études en médecine: Les garanties du ministère pour la formation pratique
Les conditions de formation dans les nouveaux terrains de stage sont également redoutées par les étudiants en médecine, surtout avec la hausse des effectifs. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, nous explique tout. Selon lui, la réforme des études en médecine a été conçue comme un projet «global et intégré». Aucun aspect n’a donc été en reste de ce chantier.
■ Des possibilités élargies
La formation pratique est une partie essentielle du parcours en médecine. Dès les deux premières années, les étudiants sont familiarisés avec les structures de soin. A partir de la 3e année, leur temps est réparti entre cours théoriques dans les amphis et exercices pratiques dans les hôpitaux (voir aussi page VI). La 6e année, elle, est entièrement consacrée à la formation au sein des centres hospitaliers universitaires (CHU). Les conditions d’accueil et d’encadrement des étudiants dans les différents services des CHU sont décisives pour la qualité de leur formation. Abdellatif Miraoui le reconnaît: «Il est vrai que si l’on considère uniquement les terrains de stages disponibles au niveau des CHU, il sera difficile d’offrir des conditions adaptées aux objectifs de la formation pratique pour tous les étudiants, en prenant en compte les augmentations des effectifs réalisés et prévus». C’est la raison pour laquelle l’augmentation des effectifs a été conditionnée par l’extension des terrains de stage au-delà des CHU.
■ Les nouveaux terrains de stage
Les terrains de stage ont ainsi été élargis à l’ensemble des structures hospitalières des Groupements sanitaires territoriaux (GST). Ces groupements chapeautent désormais les CHU, les CHR (Centres hospitaliers régionaux), les CHP (Centres hospitaliers provinciaux) et les établissements de soins de santé de base. Le choix des terrains de stage hors CHU sera soumis à des critères d’accréditation établis par des commissions régionales, selon le ministre. Ces critères concernent notamment la capacité litière, l’effectif du personnel médical en exercice, les équipements et les installations hospitalières disponibles, la fréquence des actes médicaux pratiques et le flux des malades, les espaces dédiés à la formation, les possibilités d’accès au site… «La diversité des activités médicales de ces structures, la qualité de leur personnel médical et la fréquence très élevée des actes médicaux et des soins qu’elles assurent contribueront à forger les compétences pratiques des étudiants, et leur permettront d’acquérir une expérience professionnelle riche et diversifiée», estime Miraoui.
■ Des maîtres de stage et médecins encadrants en renfort
Plusieurs mesures ont été prises pour garantir la qualité de la formation pratique dans les nouveaux terrains de stage. Parmi elles, l’adoption de critères de qualité pour le choix des sites. Une coordination facultés/GST, à travers des commissions régionales, a également été instaurée, à la fois pour le choix des sites et la définition des conditions optimales d’une formation de qualité. Par ailleurs, les stages seront soumis à une programmation pluriannuelle intégrant les effectifs prévus. L’encadrement des étudiants en stage sera, en outre, renforcé, à travers l’implication des médecins exerçant dans ces sites. «L’encadrement des étudiants dans les terrains de stages hors CHU a été renforcé par l’adoption d’un nouveau statut de Maître de stage, qui est le professeur universitaire à côté de l’encadrant du stage (décret en cours d’adoption)», explique le ministre. «Donc, en plus des professeurs universitaires dont l’effectif a été augmenté grâce aux nouveaux recrutements (3.500 postes budgétaires entre 2023 et 2030, dont 2.580 postes pour les enseignants-chercheurs), les médecins exerçant dans les CHR, les CHP, et les centres de santé seront mobilisés pour contribuer à l’encadrement des étudiants», détaille-t-il.
Boycott: Attention, risques de redoublement et d’exclusion!
Si le boycott des étudiants en médecine se poursuit, il n’y aura plus d’alternatives pour sauver l’année universitaire. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, prévient: «Dans ce cas, il sera inévitable de s’orienter vers d’autres solutions risquant d’engendrer des pertes énormes, qui impacteront grandement les inscrits. Ceci, à travers des décisions de redoublement et d’exclusion qui seront prises en fin d’année. Je suis certain que la plupart des étudiants sauront mesurer les risques de la prolongation de ce boycott».
Selon le ministre, depuis le début du boycott, ministère et doyens ont été mobilisés pour écouter les revendications des étudiants et répondre, «dans la transparence la plus totale et avec la plus grande bienveillance», aux questions soulevées. Un travail considérable a été fourni pour défaire leurs incompréhensions et les fausses informations qu’ils ont intériorisées, surtout lors de la réunion du 16 février 2024. Mais rien n’y fait.
Aujourd’hui, il est impératif de rattraper le temps perdu, avant qu’il ne soit trop tard. «Beaucoup de questions soulevées par les étudiants peuvent être dépassées rapidement s’ils reprennent leurs cours et les stages», estime Miraoui, qui fait appel au bon sens des étudiants, et à leur sens de responsabilité pour mettre fin à cette «déperdition coûteuse». Pour lui, il n’y a pas de situation sans issue. Il faut juste que les étudiants fassent confiance à leurs enseignants et aux doyens de leurs facultés, qui veillent à la garantie de la qualité de la formation, en concertation avec le ministère.
Ahlam NAZIH