Accréditations internationales: Ces écoles qui ont osé les labels les plus prestigieux

Des labels mondialement réputés comme l’AACSB ou encore l’AMBA ont permis à des établissements de gagner considérablement en légitimité, et de valoriser significativement l’employabilité de leurs lauréats (Ph. ESCA)  

Depuis plus d’une quinzaine d’années, des écoles et universités marocaines se sont lancées dans des accréditations internationales parmi les plus sélectives au monde pour se différencier face à la concurrence. Des «passeports pour l’excellence» traduisant la volonté des établissements de l’enseignement supérieur d’atteindre un haut niveau d’excellence académique tout en s’internationalisant. Retour sur celles qui ont tenté les plus prestigieux.

■ ESCA

   «Un titre qui renforce la capacité à innover pédagogiquement»

Ph. ESCA  

L’ESCA Ecole de management a été la première business school marocaine et en Afrique francophone à décrocher l’accréditation AACSB en 2018. «Renouvelée en 2024, cette distinction constitue une reconnaissance majeure dans le paysage national de l’enseignement supérieur en management. Cela témoigne de la solidité de notre vision académique, de notre exigence en matière de qualité et de notre ouverture sur le monde», souligne à ce sujet la directrice des programmes et accréditations au sein de l’école Chourouq Haisni. Pour pouvoir y prétendre, l’établissement a été évalué sur sa cohérence stratégique, la maturité de sa gouvernance académique ainsi que la qualité de l’expérience d’apprentissage vécue par ses étudiants. «Il ne s’agit pas simplement de satisfaire des normes internationales, mais de démontrer, preuves à l’appui, que l’institution est animée par une dynamique authentique de transformation, de responsabilité et d’engagement», complète la responsable.

La démarche a permis de renforcer la capacité de l’école à innover pédagogiquement. Elle a d’ailleurs mobilisé un laboratoire, l’ESCA Learning Lab, agissant comme une plateforme d’expérimentation et de diffusion de nouvelles pratiques d’enseignement. Il accompagne les enseignants dans l’adoption de pédagogies hybrides, la création de contenus numériques et l’utilisation d’outils immersifs.

Autre effet visible, celui de l’internationalisation. L’ESCA a élargi son réseau académique, qui compte aujourd’hui plus de 140 partenaires dans 55 pays. «Cette ouverture a permis le développement de parcours multinationaux et de doubles diplômes», précise la spécialiste. Sur le plan de la production intellectuelle, l’accréditation a aussi permis à l’école de renforcer son écosystème de recherche et d’encourager la production d’articles, d’études de cas et de contributions professionnelle. «Une dynamique qui a permis de doubler le volume de publications scientifiques en quelques années», assure Chourouq Haisni.

■ RBS

   «Nous avons gagné en légitimité»

Autre école parvenue à décrocher l’AACSB, Rabat Business School atteste depuis d’une culture d’amélioration continue, et se place désormais parmi les 6% des meilleures business schools mondiales accréditées.  «L’accréditation AACSB a représenté un réel défi pour notre établissement, impliquant un engagement institutionnel profond, ainsi qu’une mobilisation collective autour d’un plan stratégique centré sur l’innovation pédagogique, l’impact sociétal et la qualité de la recherche», révèle à ce propos le doyen et DG de Rabat Business School, Nicolas Arnaud. Un processus qui a permis à l’établissement d’améliorer sensiblement la qualité de ses programmes, de structurer ses pratiques internes autour des standards les plus exigeants et de renforcer significativement sa visibilité à l’international. «En décrochant ce label, nous avons gagné en légitimité auprès d’institutions partenaires de haut niveau, ce qui facilite le développement de nouveaux accords de mobilité, de doubles diplômes ou de collaborations académiques stratégiques», tient à préciser le responsable.

 Outre sa reconnaissance à l’international dans le domaine du management, l’AACSB a permis à l’école d’offrir à ses étudiants des expériences au sein des meilleures écoles mondiales. «C’est grâce à cette reconnaissance que des institutions telles que l’EDHEC et l’EMlyon en France, HEC Lausanne en Suisse ou encore HEC Montréal au Canada ont accepté de collaborer avec nous», souligne Arnaud. Une démarche à laquelle parents et étudiants se montrent particulièrement attentifs et sensibles.

Pour les parents, ces accréditations constituent un véritable gage de confiance dans la qualité de l’enseignement dispensé et les perspectives professionnelles offertes à leurs enfants, selon l’école. Les étudiants, quant à eux, y perçoivent un atout concret pour leur employabilité, notamment auprès d’employeurs internationaux.

■ ISCAE

   «Un moyen d’intégrer des réseaux internationaux d’excellence»

Ph. ISCAE  

Toujours dans le domaine managérial, le groupe ISCAE s’est quant à lui démarqué en décrochant en 2017 l’accréditation AMBA, renouvelée par l’établissement trois ans plus tard. Une démarche qui a nécessité une évaluation rigoureuse de ses programmes, de sa qualité pédagogique, de sa gouvernance ainsi que de l’impact professionnel de ses formations. «Cette expérience fut un véritable challenge, car elle a nécessité une transformation en profondeur de nos pratiques académiques et managériales, notamment par le renforcement de notre système qualité, avec la récupération du label ISO 9001», explique le directeur général du groupe, Tarik ElMalki.

L’AMBA a permis de confirmer et de renforcer la crédibilité de l’établissement, aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Mais pas seulement. «L’obtention de cette accréditation a représenté un catalyseur pour le développement de partenariats académiques de haut niveau, en particulier dans le cadre de programmes de mobilité étudiantes, d’échanges professoraux et de projets collaboratifs. Elle a aussi permis au groupe d’intégrer des réseaux internationaux d’excellence, contribuant à accroître sa visibilité et son attractivité à l’échelle régionale puis mondiale», tient à préciser le responsable.

Mais le groupe ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et vise pour les prochaines années la triple accréditation internationale AMBA – AACSB et EQUIS. Une ambition qui nécessitera des efforts continus de modernisation, ainsi qu’une levée de fonds apte à soutenir la transformation.

■ ESITH

«Un label bénéfique pour valoriser l’employabilité des lauréats»

Dans le domaine de la formation en ingénierie, c’est le label Eur-Ace, délivré par la Commission des titres d’ingénieurs (CTI), qui permet aux écoles de se distinguer. Une démarche concrétisée par l’ESITH, pour laquelle ce label a marqué un tournant stratégique.

«L’accréditation Eur-Ace a permis de renforcer la visibilité internationale de l’école en positionnant nos diplômes au même niveau que ceux des grandes écoles d’ingénieurs européennes. Elle a également été bénéfique pour valoriser l’employabilité de nos lauréats, en rassurant les recruteurs sur la qualité et la rigueur de leur formation», confie à ce propos la responsable qualité de l’ESITH, et experte internationale de la CTI, Meryem Essaket.  Un gage de qualité pour lequel l’établissement a réalisé une phase d’auto-évaluation approfondie, formalisée dans un rapport complet couvrant tous les aspects du référentiel, en plus de mener une mission d’audit.  «Décrocher ce label a été un véritable défi. Il s’agissait non seulement de répondre à des standards internationaux stricts, mais aussi de démontrer notre capacité à anticiper les besoins du marché, à maintenir un lien permanent avec les entreprises et à assurer une pédagogie innovante, alignée avec les exigences du monde de l’industrie», explique Essaket.

Pour les années à venir, l’établissement projette de continuer sur sa lancée, visant une autre accréditation de qualité: ISO 21001.

■ School of Aerospace and Automotive Engineering

Après la reconnaissance européenne, Cap sur l’Amérique

Ph. SAAE  

Parmi les écoles affichant également le prestigieux label Eur-Ace et l’accréditation CTI, la School of Aerospace and Automotive Engineering de l’UIR, école proposant une formation de haut niveau dans les domaines de l’aéronautique, du spatial et de l’ingénierie automobile. La SAAE a dû démontrer son respect d’exigences élevées en termes de qualité pédagogique et de partenariats avec l’industrie pour pouvoir décrocher le titre. «Ce fut un véritable défi, nécessitant un travail constant d’amélioration et d’innovation afin de rester à la pointe», souligne son doyen Mustapha Faqir.

Le label se reflète de manière concrète dans l’approche pédagogique de l’école et dans l’environnement que celle-ci offre à ses étudiants. En effet, l’établissement présente un corps professoral mixte, composé à la fois d’enseignants marocains et internationaux. «Cette combinaison d’experte académique et d’expérience professionnelle garantit une formation à la fois rigoureuse, actuelle et ouverte sur le monde», tient à préciser le doyen.  Autre point fort qui a permis à l’école de décrocher le graal, son programme intégrant les nouvelles technologies numériques. «Grâce à des infrastructures de pointe, nos étudiants bénéficient de conditions idéales à l’apprentissage pratique au sein de laboratoires équipés, entièrement adaptés aux besoins industriels actuels». Par ailleurs, en plus des enseignements classiques, l’école privilégie l’apprentissage par projets, lequel permet à ses étudiants de travailler sur des défis concrets souvent en collaboration avec des partenaires industriels. «Ce type d’apprentissage leur offre une immersion dans des situations réelles et leur permet de développer des compétences pratiques et une approche de résolution de problèmes, tout en stimulant leur créativité et leur esprit d’équipe», explique le doyen.  Par la suite, l’établissement vise d’autres accréditations internationales, dont la prestigieuse accréditation américaine ABET, dont la procédure d’obtention est finalisée à l’heure actuelle.

TBS triplement couronnée

Présente à Casablanca, Toulouse, Paris et Barcelone, Toulouse Business School (TBS) fait partie du cercle fermé des écoles triplement accréditées, qui ne concerne que 1% des établissements à l’échelle mondiale. L’établissement affiche à la fois les accréditations AACSB, AMBA et EQUIS. De hauts standards internationaux que le groupe a pu atteindre grâce à la qualité de ses formations et de son corps professoral mais, également, à ses activités de recherche en sciences de gestion.

Verbatim

■ Meryem Essaket, responsable qualité de l’ESITH et experte internationale de la CTI:   

«Le label Eur-Ace n’est pas seulement une reconnaissance administrative. C’est une validation indépendante que nos formations répondent aux standards internationaux en matière d’ingénierie, tant sur le plan scientifique que professionnel»

■ Chourouq Haisni, directrice des programmes et accréditations à ESCA école de management: «L’accréditation AACSB est bien plus qu’un label d’excellence. Elle constitue un cadre structurant, évolutif et exigeant qui nous engage à nous réinventer, à faire preuve d’agilité face aux transformations du monde»

  ■ Nicolas Arnaud, doyen et DG de Rabat Business School: «L’accréditation AACSB est un gage de qualité reconnu à l’échelle internationale dans le domaine du management. Elle repose sur des standards rigoureux qui évaluent l’excellence académique, l’impact de la recherche, la qualité du corps professoral ainsi que l’ancrage dans le monde professionnel»

■ Tarik Elmalki, le directeur général du groupe ISCAE: «Les accréditations internationales sont devenues un critère stratégique dans le choix d’un établissement par les étudiants et leurs parents. Elles sont perçues comme un gage de sérieux, de reconnaissance internationale et d’ouverture sur des carrières globales»

■ «Mustapha Faqir, doyen de la School of Aerospace and Automotive Engineering (SAAE) de l’UIR: «Les accréditations incitent les écoles d’ingénierie à s’adapter en permanence aux évolutions technologiques et aux besoins du marché de l’emploi. Un point fort à ne pas négliger en matière de formation dans des secteurs aussi exigeants que l’aérospatial et l’automobile».

■ Une démarche qui n’est pas exempte de contraintes

■ Un investissement financier conséquent

■ Un processus qui nécessite du temps (décrocher une première accréditation requière 3 à 4 années en moyenne)

■ Un risque d’uniformisation des écoles.

                                                

■ Les atouts pour les écoles de commerce

■ Gagner des places au sein des classements nationaux et internationaux

■ Développer leur notoriété et leur image

–    Attirer les meilleurs étudiants et professeurs permanents

■ Accroitre la valeur de leur diplôme sur le marché de l’emploi

■ Faciliter la signature d’accords avec des écoles, universités et entreprises.

 Karim AGOUMI