Les filières qui dessineront l’avenir du Maroc
- Ce sont aussi celles qui seront les plus demandeuses d’ingénieurs
- Accélération des besoins dans les prochaines années

A l’approche du mondial 2030 et avec l’accélération des processus de digitalisation, le secteur de l’ingénierie est en pleine expansion au Maroc et se transforme de manière radicale. De nouvelles spécialités sont demandées sur le marché, présentant une rémunération attractive et offrant des débouchés dans bon nombre de secteurs d’activité. Un besoin grandissant en ingénieurs hautement qualifiés qui s’avère nécessaire pour pouvoir répondre aux priorités de développement du Royaume…
Informatique: La révolution numérique est en marche

Au cours des prochaines années, l’ingénierie embrassera de plus en plus l’ère du numérique. Les entreprises souhaiteront améliorer continuellement l’expérience digitale de leurs utilisateurs, créant un besoin croissant d’expertise technique afin d’exploiter la puissance de la technologie numérique et de donner ainsi lieu à de meilleures expériences. Les profils demandés seront ceux capables de mettre en place des systèmes permettant d’analyser le big data, de créer de nouvelles automatisations ou encore, de nouveaux programmes.
«Ces prochaines années, parmi les filières qui seront les plus demandées au Maroc, certaines le sont déjà aujourd’hui. C’est le cas de l’informatique, qui restera toujours un domaine pourvoyeur de postes d’emploi au sein des entreprises publiques et privées», confie à ce sujet le directeur général de l’université Mundiapolis Abdelmounim Belalia. «Cependant, les besoins deviendront plus prononcés avec l’avènement de filières en pleine émergence, telles que l’intelligence artificielle, la cybersécurité et le big data», poursuit le responsable.
«La digitalisation des processus industriels représente aujourd’hui un axe stratégique, nécessitant de recruter des ingénieurs capables de concevoir et de piloter des systèmes intégrés de supervision, de traçabilité, de maintenance et de planification, imposant ainsi de nouveaux standards en matière d’interconnectivité et de gestion en temps réel», complète le directeur des études de l’ESITH Abdelsamad Chouar.
Energies renouvelables : Servir le développement durable

Le secteur des énergies alternatives, notamment l’énergie solaire, éolienne et géothermique, connait actuellement une croissance fulgurante au Maroc et dans le monde, requérant de solides compétences en ingénierie. Pour ces métiers, les ingénieurs en énergie sont tout indiqués. Ils contribueront à conduire la transition du Royaume vers l’utilisation de sources d’énergie durable.
«La durabilité devient désormais un critère clé. Les entreprises recherchent des profils capables de réduire les consommations énergétiques, de traiter les matériaux de manière responsable ou encore, de produire dans le respect des normes environnementales», indique à ce propos Chouar. «Parmi les grands chantiers entamés par le Maroc et nécessitant des compétences spécialisées en matière d’ingénierie, l’on retrouve celui des énergies renouvelables à travers l’électricité verte (l’hydrogène vert notamment), qui s’inscrit dans une perspective de souveraineté énergétique nationale puis régionale», complète sur le sujet, le directeur de l’EMINES School of Industrial Management de l’UM6P, Nicolas Cheimanoff.
Les ingénieurs de la data parmi les mieux payés
Parmi les ingénieurs les mieux rémunérés au Maroc à l’heure actuelle figurent ceux en lien direct avec la data, à savoir les ingénieurs en cybersécurité, en intelligence artificielle ou encore, en data science.
«La data est devenue aujourd’hui une ressource à forte valeur ajoutée», tient à souligner le directeur de l’IGA Mohammed Zaoudi. «Les spécialités les plus rémunérées sont celles pour lesquels la valeur technologique est la plus forte et la demande en compétences dépasse l’offre disponible. Cela inclut les métiers liés à la digitalisation industrielle, notamment les ingénieurs capables de concevoir des systèmes d’information industriels, d’intégrer des logiciels de gestion de production ou de piloter des plateformes interconnectées», précise Chouar.
Génie civil et génie industriel: Edifier le Maroc de demain

L’organisation par le Maroc du mondial 2030 et le développement économique accéléré que connaît actuellement le pays nécessitera de multiplier les projets d’infrastructures utiles à la société, telles que les stades, les immeubles, les routes, les ponts, les tunnels ou encore, les barrages. Des ouvrages pour lesquels les ingénieurs en génie civil s’avèrent indispensables. Ils devront superviser la conception, la construction mais aussi la maintenance de ces infrastructures. «Ces derniers mois, le génie civil revient à la charge dans le domaine de l’ingénierie, par le biais de grands chantiers lancés dans le transport et, surtout, l’infrastructure. Sans oublier les projets relatifs à l’organisation des deux prochains grands évènements sportifs qui impliqueront directement le Maroc, à savoir la coupe d’Afrique de football et le mondial», révèle le directeur de l’IGA Mohammed Zaoudi. Le génie industriel deviendra également particulièrement demandé afin d’accompagner les priorités industrielles, mais aussi logistiques du pays. «Le génie industriel constitue aujourd’hui une spécialité centrale dans l’optimisation des processus, la gestion de la production et l’amélioration continue. La logistique et le management de la supplychain sont quant à eux devenus essentiels dans un Maroc ambitionnant de devenir un hub de transit et de transformation à l’échelle continentale», nous apprend Abdelsamad Chouar.
Biomédical: La télésanté requiert l’innovation technologique
La sphère médicale est également en train d’évoluer vers davantage de technologie, intégrant désormais des appareils et des équipements connectés.
La pandémie a en effet accéléré les tendances de la télésanté, qui inclue des consultations par téléphone et des diagnostics à distance.
Les innovations technologiques médicales sont renforcées par le développement fulgurant de l’industrie pharmaceutique et des sociétés de biotechnologie ces dernières années au Maroc.
Cybersécurité: Protéger les données des entreprises
Ces dernières années ont été des années record en matière de violation de données. Les entreprises marocaines, tout comme les entreprises mondiales, ont de plus en plus besoin d’experts en cybersécurité afin de pouvoir protéger leurs données et celles de leurs clients, ce qui rend cette spécialité d’ingénierie plusdemandée qu’elle ne l’était. «Le montée des cyberattaques et l’immersion rapide de l’intelligence artificielle ont accru le besoin des entreprises en matière d’experts en cybersécurité et de protection des systèmes ainsi que des applications», conclut sur ce point Zaoudi.
Hyperspécialisation vs capacité d’adaptation
Les métiers de l’ingénierie de demain nécessiteront aux employés de se former tout au long de leur carrière mais, surtout et avant tout, de s’adapter continuellement à l’évolution de plus en plus rapide des technologies.
«La capacité d’adaptation sera plus prisée que l’hyperspécialisation qui peut rapidement devenir obsolète», souligne à ce propos Nicolas Cheimanoff. Parmi les autres compétences recherchées, l’on retrouvera également l’innovation, l’esprit d’analyse ainsi que les compétences technologiques. «L’agilité intellectuelle et la capacité à travailler en transversal, en intégrant à la fois les dimensions environnementales et techniques, deviendront des marqueurs de leadership.
C’est cette vision que promeut l’UM6P à travers ses approches pédagogiques orientées projet, son ancrage africain et son engagement pour une ingénierie au service des transitions», conclut le responsable.
Karim Agoumi