Les écoles d’ingénieurs qui font rêver les étudiants marocains
- L’EMI, véritable référence depuis plusieurs décennies
- Les écoles françaises continuent de séduire les meilleurs
- Record de places décrochées à l’X
Portés par l’excellence académique et une passion marquée pour les sciences et la technologie, des étudiants marocains s’imposent dans les filières d’ingénierie. Même à l’international, ils visent haut et intègrent des établissements parmi les plus prestigieux. Cette orientation est largement soutenue par un système de classes préparatoires rigoureux, qui forme une élite prête à intégrer les plus grandes écoles.
Les leaders au Maroc
Sur le plan national, plusieurs établissements se distinguent par l’excellence de leurs formations en ingénierie, attirant chaque année des milliers d’étudiants à la recherche d’un encadrement rigoureux et reconnu, à la fois localement et à l’international. Un rapport publié en mars 2025 par le portail Ingénierie.ma a tenté de dresser la liste de dix meilleures écoles d’ingénieurs du pays. En tête figure l’École Mohammadia d’ingénieurs de Rabat (EMI), première école d’ingénieurs à avoir vu le jour au Maroc, et véritable référence depuis plusieurs décennies. Elle propose des formations pointues en génie civil, électronique ou encore aéronautique, et bénéficie de solides partenariats à l’international.
En deuxième position, le réseau des Écoles nationales des sciences appliquées (ENSA), reconnu entre autres pour ses filières innovantes en intelligence artificielle et en systèmes embarqués. Ces écoles sont les plus «jeunes», mais désormais présentes dans 13 villes, elles drainent des effectifs importants.
L’École Hassania des travaux publics (EHTP) et l’Université internationale de Rabat (UIR) viennent compléter la liste, avec des cursus bilingues tournés vers les énergies renouvelables, l’aéronautique et les nouvelles technologies.
La voie royale passe aussi par la France
La France demeure la destination privilégiée des étudiants marocains désireux d’aller vers de nouveaux horizons. A eux seuls, ils représentent la première communauté étudiante étrangère dans le pays, avec plus de 46.000 inscrits en 2021-2022, selon les données de campus France. Parmi eux, 13% choisissent les écoles d’ingénieurs, séduits par la réputation internationale d’institutions telles que l’École Polytechnique (X), CentraleSupélec, Mines Paris, ou les Ponts et Chaussées.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2023, les étudiants marocains ont décroché 40 des 60 places réservées aux étrangers à l’X, un record historique. Plus de la moitié de ces admis sont issues de classes préparatoires marocaines (CPGE), ce qui illustre leur rôle fondamental dans la formation de cette élite scientifique.
La coopération franco-marocaine va encore plus loin: plusieurs grandes écoles françaises ont ouvert des campus au Maroc, offrant un accès local à des formations de prestige. Centrale Casablanca propose un cursus aligné à celui de CentraleSupélec de Paris. Ou encore l’INSA Euro-Méditerranée qui s’était momentanément installée à Fès, et l’EIGSI Casablanca avec des programmes similaires à ceux dispensés en France, dont ceux d’informatique, électronique et génie industriel.
Prépas: La fabrique de l’élite scientifique
Le succès des étudiants marocains dans les écoles d’ingénieurs repose en grande partie sur les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). A l’image du système français, ils sont à ce jour une étape clé à la fois intense et sélective pour pouvoir intégrer un programme d’ingénierie grande école. Sur une durée de deux ans, les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) offrent aux bacheliers une formation exigeante en mathématiques, physique, chimie, informatique et langues. À l’issue de ce parcours intensif, les étudiants passent le Concours national commun (CNC), qui conditionne leur admission dans les grandes écoles d’ingénieurs marocaines en fonction de leur classement. Ils ont également la possibilité de se présenter aux concours français équivalents, ouvrant l’accès à des établissements d’ingénierie prestigieux en France.
Le Maroc se distingue dans ce domaine avec une vingtaine d’établissements proposant 19 classes préparatoires scientifiques. Ces CPGE sont reconnues pour leur excellence, à l’image du Lycée d’Excellence de Benguérir (Lydex), qui s’impose comme un vivier de talents. En 2020, près de 17 de ses élèves ont intégré l’École Polytechnique de Paris, et 11 en 2021. En 2024, sur le record de 52 Marocains ayant réussi le concours écrit de l’X, 31 relevaient du Lydex .
Au-delà de la France
D’autres destinations séduisent les jeunes Marocains souhaitant se former en sciences de l’ingénieur. En Allemagne, environ 2.500 étudiants marocains sont accueillis chaque année, selon les chiffres de l’association allemande DAAD (2023). Les filières les plus prisées sont le génie mécanique, l’informatique et l’électronique.
Parmi les établissements les plus renommés figurent la Technische Universität München (TUM), classée 30e mondiale en ingénierie et technologie, et première en Allemagne selon le Times Higher Education (2023), ainsi que la RWTH Aachen University, classée 47e au niveau mondial dans le même domaine.
Le Canada attire également de nombreux étudiants marocains, en particulier dans les écoles d’ingénieurs du Québec, telles que Polytechnique Montréal, l’université de Sherbrooke ou encore l’université Laval. Selon les universités canadiennes et l’ambassade du Maroc au Canada, entre 30 et 40% des étudiants marocains inscrits au pays choisissent des programmes en ingénierie ou en sciences appliquées. Cela représenterait entre 6.000 et 8.000 étudiants marocains dans ces filières en 2023.
Ghita BOUSLIKHANE (stagiaire)
