S’inscrire dans le public ou le privé, quelle différence?

- A chaque secteur ses formalités
- Mais un accompagnement tout au long du processus
Pour étudier au Maroc, il existe deux options: l’enseignement public ou le privé. Et à chaque secteur ses formalités.
L’accès à l’enseignement public est par exemple cadré par des procédures particulières. En effet, impossible d’appréhender des écoles ou universités publiques directement. Les candidatures passent obligatoirement par la voie diplomatique. Pour le privé, pas d’intermédiation. L’étudiant peut contacter directement l’école de son choix.
■ Des quotas prédéfinis dans le public
Chaque année, l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) élabore des quotas de places et de bourses en concertations avec les différents pays. Ces derniers font part de leurs besoins en termes de spécialités et de places. Les quotas finaux sont envoyés aux Etats qui, à leur tour, soumettent les offres de formation à leurs étudiants pour qu’ils puissent candidater.
Les candidatures sont ensuite transmises à l’AMCI. Après réception, l’agence les envoie aux entités concernées. Celles relatives aux universités publiques sont remises à la direction de la coopération et du partenariat relevant du ministère de l’Enseignement supérieur. Les candidatures visant la formation professionnelle sont orientées vers l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), tandis que celles ciblant de grandes écoles publiques ne relevant pas des universités sont transmises à leurs ministères de tutelle. Cette opération a généralement lieu entre avril et mai.
A l’issue de cette étape, des autorisations sont émises pour chaque étudiant. L’AMCI se charge de les partager avec les ambassades de chaque pays. Commence alors la préparation des visas en concertation avec le ministère des Affaires étrangères marocain.
■ Un court séjour à Rabat
Le rôle de l’AMCI ne s’arrête pas là. L’agence se charge de l’accueil des étudiants internationaux à l’aéroport et de leur transport à la cité universitaire internationale de Rabat. Le séjour dans cette cité peut durer 2 à 4 jours, le temps de vérifier les documents administratifs, de distribuer les autorisations d’inscription et de remettre les attestations de bourses. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, 85% des étudiants subsahariens bénéficient d’une bourse de l’Etat marocain (750 DH par mois, soit près de 71 euros).
Les étudiants doivent également s’acquitter de frais de dossier et d’assurance médicale, tournant autour de 200 euros (2.250 DH). A la fin de ces formalités, l’AMCI conduit les étudiants à la gare routière pour qu’ils puissent regagner leurs établissements respectifs. Certaines universités peuvent se charger du transport de leurs nouveaux étudiants jusqu’à leur établissement, si convention dans ce sens.
■ Candidatures directes dans le système payant
Pour une école ou une université privées, pas d’intermédiaire. L’étudiant peut lui-même faire ses recherches pour choisir une formation, et contacter directement l’établissement qui l’intéresse. Certaines écoles et universités privées organisent des forums dans divers pays africains afin d’exposer leur offre de formation et établir des contacts directs avec les étudiants. Avant de passer à la phase inscription, les écoles privées doivent faire valider les candidatures par la direction de l’Enseignement supérieur privé du ministère.
Une fois la partie administrative bouclée, certaines écoles et universités privées proposent un accompagnement complet, allant de l’accueil à l’aéroport à l’installation dans un logement étudiant ou autre. Durant tout leur parcours, diverses activités leur sont proposées pour favoriser leur intégration. Une assistance administrative leur est également offerte.
■ Quand faut-il passer un concours?
Les étudiants internationaux n’ont pas besoin de passer de concours au Maroc, peu importe la filière ou le type d’établissement. «Pour leur première fois au Maroc, ils sont dispensés de concours. Nous apprécions simplement la qualité de leur dossier», nous précise une source du ministère de l’Enseignement supérieur.
Que se passe-t-il s’il s’avère qu’ils n’ont pas le niveau du cursus choisi, ou s’ils sont victimes d’une erreur d’orientation? «Nous leur accordons une deuxième chance pour se réorienter», nous explique notre source.
Cependant, s’ils sont déjà lauréats du Maroc, les candidats ne peuvent pas échapper aux filtres de sélection dans les établissements à accès sélectif. Ils doivent ainsi se soumettre aux tests écrits et aux oraux prévus. «Si par exemple un étudiant suit ses prépas au Maroc, il devra passer les concours des grandes écoles à l’instar de ses camarades marocains. C’est son excellence académique qui doit primer», illustre notre source.
Ahlam NAZIH
Ce qu’il faut savoir
- Gratuité, qualité et diplômes équivalents dans le public
- Des écoles et universités de rang mondial dans le privé
«Passer par le secteur public présente plusieurs avantages, à commencer par la garantie d’un enseignement de qualité et d’un diplôme équivalent», souligne-t-on au ministère de l’Enseignement supérieur. En effet, dans le public, tous les diplômes sont équivalents et reconnus à l’international. Ils permettent de passer tous les concours de la fonction publique.
Tous les programmes sont, par ailleurs gratuits. Les étudiants peuvent aussi prétendre à une bourse étatique, et briguer une place dans une cité universitaires avec un coût symbolique (40 DH par mois, soit 3,8 euros, et 1,4 DH par repas, soit 0,13 euros).
Dans le privé, l’offre de formation s’est considérablement enrichie lors des dix dernières années, avec de nouveaux opérateurs de rang mondial, marocains mais aussi français qui se sont installés au Maroc. Les programmes sont également riches et diversifiés. Le ministère de l’Enseignement supérieur a, en outre, ouvert la voie à un label étatique permettant aux meilleurs établissements (dit reconnus par l’Etat) de délivrer des diplômes équivalents. Cela a permis de créer un esprit d’émulation et de tirer le secteur vers le haut.
Le seul hic du privé, c’est le coût. La qualité ça se paie! Pour une business school qui a pignon sur rue, par exemple, il faudrait compter dans les 75.000 DH par an (7.125 euros). Pour une école d’ingénieurs, le tarif tourne autour de 55.000 DH par an (5.226 euros). Les parcours de médecine, pour leur part, coûtent entre 100.000 (9.500 euros) et 130.000 DH (12.352 euros).
Il faudrait, par ailleurs, bien choisir son établissement de formation privé, et s’assurer de la qualité de ses filières et de son diplôme avant de s’engager.
Près de 2.000 places dans les cités universitaires
L’offre de lits dans les cités universitaires et internats publics reste pour l’heure limitée, s’élevant à quelque 52.933 lits en 2024, dont 1.371 réservés à des étudiants internationaux. Ces derniers bénéficient également de près de 800 places dans la cité internationale de Rabat. Le total mobilisé pour les étudiants étrangers tourne ainsi autour de 2.000 places.
Avec l’offre privée, le nombre total de lits pour les étudiants avoisine les 100.000, selon le ministère de l’Enseignement supérieur. Le département ambitionne de tripler ce nombre d’ici 2030, grâce à des partenariats public-privé (PPP).
A.Na