Où vont les étudiants africains?

- La mobilité sortante du continent est en pleine croissance
- Le Nigéria et le Maroc premiers pourvoyeurs d’étudiants du continent
L’Afrique voit sa jeunesse se tourner de plus en plus vers l’international. Entre aspirations académiques et nouveaux équilibres géopolitiques, beaucoup d’étudiants font le choix de franchir les frontières pour leurs études supérieures. Un rapport de campus France sur le sujet, publié en avril 2024, éclaire davantage sur les destinations choisies par ces étudiants et les chiffres clés à retenir.
Une dynamique contrastée
La mobilité sortante des étudiants africains connaît une croissance soutenue. Le Nigéria et le Maroc font partie du top 20 des pays d’origine des étudiants en mobilité dans le monde. En 2021, le Nigéria était 15e, avec 84.797 jeunes à l’international, soit une part de 4% d’étudiants mobiles. Le Maroc, lui, était 19e, avec 68.717 étudiants en déplacement, avec une proportion 5% en mobilité.
En 2021, près de 463.000 étudiants originaires d’Afrique subsaharienne étaient inscrits dans une formation diplômante à l’étranger, soit une hausse de 13% par rapport à 2016. Cette tendance reflète les aspirations d’une jeunesse nombreuse et ambitieuse, dans une région où seuls 10 % des jeunes en âge d’accéder à l’enseignement supérieur y sont effectivement scolarisés.
En revanche, cette région reste peu attractive en matière d’accueil: l’Afrique subsaharienne demeure la moins prisée par les étudiants internationaux, avec seulement 140.000 accueillis en 2021, majoritairement en Afrique du Sud, au Sénégal et au Cameroun.
Fortes progressions sur cinq ans
Le Nigéria reste le premier pays d’origine des étudiants mobiles d’Afrique subsaharienne (et d’Afrique de manière générale), avec 84.800 jeunes inscrits dans un établissement à l’étranger, soit 18% du total de la région. Pourtant, cet effectif a chuté de 12% depuis 2016, à rebours de la tendance générale observée dans la région. Les étudiants nigérians privilégient majoritairement les destinations anglophones: Royaume-Uni, États-Unis et Canada. En deuxième position figure le Cameroun, avec 30.000 étudiants mobiles, en hausse de 18% sur cinq ans. Les Camerounais représentent 7% des étudiants subsahariens à l’étranger et choisissent principalement l’Allemagne et la France comme destinations. Viennent ensuite le Ghana et le Zimbabwe, qui comptent respectivement 20.300 et 19.800 étudiants à l’étranger, soit chacun 4% du total. Le nombre d’étudiants ghanéens a connu une forte progression (+46%), dépassant celui des étudiants zimbabwéens (+11%). Tandis que les Ghanéens s’orientent majoritairement vers les États-Unis et le Royaume-Uni, les Zimbabwéens privilégient l’Afrique du Sud.
Enfin, la Côte d’Ivoire et le Sénégal affichent également une forte croissance: +41% pour les Ivoiriens (18.500 étudiants) et +40% pour les Sénégalais (17.500 étudiants). Ces deux pays représentent un peu moins de 4% des étudiants mobiles chacun, avec une préférence marquée pour la France comme destination d’études.
Un quart des étudiants subsahariens restent dans le continent pour leurs études, signe d’un début de régionalisation de la mobilité académique. L’Afrique du Sud reste le principal pôle d’accueil, avec 34.000 étudiants, suivie du Sénégal (15.400) et du Cameroun (9.300). Toutefois, cette dynamique demeure fragile: l’Afrique du Sud, longtemps deuxième destination après la France, connaît un net recul avec seulement 29.000 étudiants accueillis en 2021, soit une baisse de 20% en cinq ans.
À l’inverse, certains pays émergent en force. La Turquie enregistre une progression spectaculaire de +188 % sur la même période, tandis que le Canada voit le nombre d’étudiants subsahariens grimper de 55%. Ces nouvelles destinations traduisent une volonté croissante de diversification chez les étudiants africains, en quête d’alternatives aux circuits traditionnels.
Afrique du Nord et Moyen-Orient: La Turquie et la France privilégiées
Dans le rapport de Campus France, l’Afrique du Nord est incluse dans la région MENA (Middle East and North Africa), qui est 3e en termes d’étudiants mobiles à l’international (après l’Asie & Océanie et l’Europe), avec un effectif de 657.000 inscrits à l’étranger (3,7% d’étudiants mobiles). La Turquie est la première destination des jeunes de cette région. Le pays a pratiquement multiplié par 4 le nombre d’étudiants accueillis par rapport à 2015, pour dépasser la barre des 100.000. La France est deuxième, avec 82.300 étudiants (+16% sur 5 ans), suivie des Etats-Unis (60.000) qui enregistre une forte baisse (-43%) et de l’Allemagne (56.000), dont les flux ont été presque multipliés par trois.
Une mobilité encore majoritairement dirigée vers l’Europe
Dans le rapport de Campus France, l’Afrique du Nord est incluse dans la région MENA (Middle East and North Africa), qui est 3e en termes d’étudiants mobiles à l’international (après l’Asie & Océanie et l’Europe), avec un effectif de 657.000 inscrits à l’étranger (3,7% d’étudiants mobiles). La Turquie est la première destination des jeunes de cette région. Le pays a pratiquement multiplié par 4 le nombre d’étudiants accueillis par rapport à 2015, pour dépasser la barre des 100.000. La France est deuxième, avec 82.300 étudiants (+16% sur 5 ans), suivie des Etats-Unis (60.000) qui enregistre une forte baisse (-43%) et de l’Allemagne (56.000), dont les flux ont été presque multipliés par trois.
Ghita BOUSLIKHANE