Ces étudiants qui ont percé après leur passage au Maroc

Ils sont plusieurs milliers de bacheliers à se rendre chaque année au Maroc pour y poursuivre leurs études supérieures. Un passage partagé entre la crainte et l’excitation, qui leur a appris la résilience, la tolérance et la persévérance, tout en leur ouvrant des voies prometteuses pour leur carrière. Des lauréats témoignent…
Karim AGOUMI
Un pays qui s’adapte aux modèles de développement occidentaux
Pour être honnête, le choix du Maroc comme destination pour y suivre mes études supérieures ne venait pas de moi, mais de mon père. Ce dernier connaissait bien le pays et percevait le potentiel qu’il renfermait.
Il faut savoir que le Maroc se situe à cheval entre tradition et modernité, adaptant les modèles de développement occidentaux à ses mœurs et ses valeurs africaines. Ce qui m’a aidé à percer, c’est le choix de mon entourage, qui impacte directement la qualité de vie que l’on mène et les opportunités que l’on peut saisir.
Le Maroc d’il y a 30 ans n’est plus celui d’aujourd’hui!
Il faut également éviter les préjugés sur ce pays, notamment ceux liés au racisme. Le Maroc d’il y a 30 ans n’est plus celui d’aujourd’hui! C’est un pays de plus en plus ouvert et tolérant, accueillant chaque année plusieurs millions d’étrangers et s’adaptant continuellement aux réalités de notre époque.
Une fois mes études terminées, je suis rentré au Cameroun (mon pays d’origine) pour y lancer mon entreprise qui existe depuis près de 8 ans. Elle propose des services de développement d’applications web et de cybersécurité. Un domaine d’avenir dans lequel je souhaite me former davantage au cours des prochaines années. Je projette également de consolider mes compétences en finance à travers des certifications
«L’intégration constitue la clé de la réussite»
Après avoir décroché mon baccalauréat en 2016 au Mali, j’ai choisi de poursuivre mes études universitaires à l’étranger. J’ai rapidement opté pour le Maroc, curieux de découvrir sa culture connue pour être chaleureuse, et encouragé par la proximité linguistique et culturelle de ce pays. Mon aventure marocaine a débuté en septembre 2017 à l’Université privée de Fès, expérience qui a constitué un véritable tremplin pour la suite de mon cursus et m’a également permis de gagner sensiblement en maturité, en autonomie ainsi qu’en confiance en moi.
Aujourd’hui, je poursuis un programme de maîtrise au Canada en génie de la construction, au sein de l’Ecole de technologie supérieure (ETS) de Montréal.
Contribuer au développement de mon pays
Mon passage par le Maroc m’a outillé d’une base solide pour pouvoir évoluer plus aisément dans le cadre académique international qui se veut particulièrement exigeant. Par la suite, j’ambitionne de mettre à profit mon expertise au service du développement d’infrastructures majeures dans mon pays d’origine.
A tous ceux qui souhaitent suivre le même parcours que moi, je leur conseillerais de s’informer au préalable sur les programmes proposés par les universités marocaines. Pour réussir, il faut aussi à mon sens s’ouvrir à la culture locale et nouer du lien social avec ses camarades. L’intégration constitue la clé de la réussite.
«L’intégration constitue la clé de la réussite»
Mon parcours académique marocain a débuté lors d’un échange universitaire durant ma licence en France. Cette immersion d’un semestre a été une expérience si marquante qu’elle m’a poussé à poursuivre mes études supérieures au Maroc. J’ai été attirée par ce pays pour sa proximité géographique avec l’Europe et pour son mode de vie particulier mais, également, par son climat chaud impactant positivement mon bien-être mental.
Les premières semaines ont été pour moi un mélange d’excitation face à la nouveauté et d’appréhension liée à l’éloignement de mon pays natal. La légendaire hospitalité marocaine a néanmoins rapidement facilité mon adaptation, et m’a permis de m’intégrer sans trop de difficultés.
Métamorphose
Cette expérience a été pour moi une véritable métamorphose. Mon rapport à la vie et à moi-même a profondément changé. Désormais, j’aborde les aléas avec beaucoup plus de légèreté. Un retard ne représente plus à mes yeux une source d’anxiété, l’essentiel étant la santé. Même un imprévu de dernière minute n’est plus pour moi une source de frustration. Cela m’a libérée d’un stress considérable et m’a appris à savourer l’instant présent et à vivre au jour le jour.
Après cette expérience, complétée par une formation à HEC Montréal, j’ai pu développer une double expertise dans le domaine des ressources humaines. Aujourd’hui, je suis pleinement investie chez Octopus Energy, un fournisseur d’énergies renouvelables réputé dans l’hexagone. A tous ceux qui souhaitent suivre ma voie, je conseille d’aborder l’expérience marocaine avec une grande ouverture d’esprit et une réelle volonté de s’adapter. En effet, le rythme de vie et les coutumes du pays peuvent différer de ce à quoi vous êtes habitués. Sur le plan linguistique, l’apprentissage de la darija constitue par ailleurs un atout majeur pour pouvoir s’intégrer.
N’hésitez pas non plus à vous engager dans des activités extrascolaires, qu’elles soient artistiques ou sportives, car elles représentent un moyen efficace de tisser des liens sociaux».
Une passerelle solide vers les meilleures institutions
Après avoir décroché un bac série D avec la mention «très bien» en Côte d’Ivoire, j’ai voulu intégrer une classe préparatoire scientifique afin de devenir ingénieur. C’est tout naturellement que je me suis tournée vers le Maroc, le pays disposant d’un système de classes préparatoires particulièrement structuré, et reconnu à l’international pour accéder aux concours d’entrée aux grandes écoles françaises. Mon parcours au Maroc, passerelle solide vers les meilleures institutions de l’enseignement supérieur, a néanmoins été intense, exigeant et extrêmement formateur. J’ai dû adopter une rigueur de travail quotidienne, apprendre à gérer la pression et à cultiver la persévérance. Ce passage en prépa marocaine a représenté pour moi une période charnière au cours de laquelle j’ai grandi, tant sur le plan intellectuel que personnel. Ces deux années m’ont permis aussi d’acquérir des bases scientifiques solides, de renforcer mon esprit critique et d’apprendre à donner le meilleur de moi-même, même dans l’adversité.
L’expérience s’est avérée être une véritable rampe de lancement. Elle m’a forgé un caractère solide, m’a appris la gestion du stress, la résilience et le goût de l’excellence. Elle m’a aussi permis de faire mes preuves sur le plan académique, et d’accéder à l’ENSTA Paris, puis de poursuivre aujourd’hui ma dernière année à l’Ecole des Ponts et Chaussées de Paris au sein du département Génie civil et construction.
Cap sur HEC Paris
C’est aussi à travers cette trajectoire que j’ai souhaité plus que jamais mettre mes compétences au service de l’Afrique, afin de participer activement à son développement infrastructurel et durable. Mon objectif est clair : contribuer au développement des infrastructures en Afrique en apportant des solutions innovantes et adaptées aux réalités locales. C’est dans ce sens que j’ai été admis à HEC Paris, où je vais suivre une formation en entrepreneuriat. J’ambitionne à terme de créer une structure qui allie à la fois ingénierie, innovation et impact social, afin d’accompagner la transition écologique et l’expansion des pays en voie de développement».
«J’ai pu rejoindre l’un des cabinets d’audit
les plus prestigieux du monde»
Originaire du Gabon, j’ai choisi d’étudier au Maroc car le pays offre une qualité d’enseignement en plein essor, notamment dans les domaines de l’ingénierie et des sciences qui m’intéressaient. Autre facteur qui a déterminé mon choix, les coûts de scolarité et de vie plus abordables que dans bon nombre de pays européens ou nord-américains.
La formation à ESCA Ecole de Management m’a permis de développer des compétences managériales solides. Cette formation m’a aussi été utile pour accéder à ma première expérience professionnelle dans un cabinet d’audit au Maroc, dans le cadre de mon stage de fin d’études. Un stage qui a constitué dans mon parcours une étape déterminante, car il m’a permis de mettre en application mes acquis, de booster mon sens des responsabilités et d’acquérir une première immersion réussie dans le monde du travail.
Grandir sur tous les plans
Au delà des études, ce passage au Maroc m’a fait découvrir une culture accueillante, de créer des liens durables avec des étudiants de différentes nationalités, et de développer une forte capacité d’adaptation. Après cette expérience marocaine, j’ai pu intégrer Forvis Mazars, l’un des cabinets d’audit et de conseil les plus prestigieux du monde, installé dans mon pays d’origine. Il s’agit d’un cabinet extrêmement sélectif, reconnu pour son excellence et ses standards élevés. Une structure réputée au sein de laquelle je compte évoluer à l’avenir, en y consolidant mes compétences et en contribuant activement à ses missions.
A ceux qui souhaitent suivre mes pas, je leur conseillerais de respecter les valeurs et la culture du pays d’accueil, et de faire l’effort d’apprendre la darija. Un atout facilitant réellement les échanges dans la vie quotidienne, ce qui permet de grandir sur tous les plans.