Infirmerie: Les spécialités qui ont la cote

- Anesthésie, soins intensifs, gériatrie… Les branches en vogue
- Evolution technologique, complexité des soins accrue… Les raisons de l’engouement
- Des métiers spécialisés dont le taux d’insertion avoisine les 90%
Le métier d’infirmier, souvent dévalorisé par le passé, est aujourd’hui plus valorisé. Un changement de perception que la profession doit à l’émergence de spécialités particulièrement recherchées pour couvrir les besoins d’un secteur médical en plein virage technologique.

Une fonction essentielle pour garantir des soins de qualité
Ces spécialités, plus techniques, ont pour particularité de placer sur le marché des infirmiers capables d’accompagner le médecin dans différents actes, bouleversant ainsi le métier. «Les structures de soins ne peuvent fonctionner efficacement sans ces professions, car elles jouent un rôle crucial dans la qualité de la prise en charge des patients. Des études scientifiques ont démontré que les infirmiers sont devenus essentiels pour garantir des soins de qualité et prévenir les complications post-opératoires», confie sur ce point le vice-président en charge du pôle Santé à l’Université Euromed de Fès, Chakib Nejjari. Ces profils répondent également à l’évolution des technologies médicales et à la complexité croissante des soins, nécessitant des compétences plus techniques et spécialisées.
Parmi les branches les plus demandées, l’anesthésie et la réanimation à travers lesquelles l’infirmier assiste le médecin anesthésiste lors des interventions chirurgicales. «L’infirmier en anesthésie occupe un rôle clé dans le milieu médical aujourd’hui. Outre la réalisation de l’anesthésie générale, il est également chargé de la gestion de la douleur du patient, et d’assurer sa sécurité pendant l’opération», confie le doyen de la faculté Mohammed VI des sciences infirmières et professions de la santé relevant de l’UM6SS, Rachid Fares.
Autre spécialité figurant parmi les plus prisées par les cliniques et par les hôpitaux, celle des infirmiers en soins intensifs, qui interviennent au cours de situations médicales urgentes lorsque le patient se trouve dans un état critique. «L’infirmier en soins intensifs accompagne le patient de l’administration des soins jusqu’au suivi médical. Il peut s’agir de malades en détresse respiratoire, cardiocirculatoire ou encore, neurologique», tient à préciser Fares.
Un intérêt exponentiel
Comptant également parmi les filières en vogue, la gériatrie est aujourd’hui en pleine expansion. «Cette branche des sciences de l’infirmerie, qui consiste à diagnostiquer et prendre en charge les soins des personnes âgées, connaît un intérêt exponentiel depuis plusieurs années. Le vieillissement est en effet devenu d’actualité avec l’accroissement de la durée de vie de la population et la hausse du coût social des pathologies gériatriques», souligne à ce sujet le directeur pédagogique de la faculté des sciences paramédicales et techniques de santé qui relève de l’Université Privée de Fès, Abdelhak Ayache.
Les nouveau nés et les enfants constituent aussi un domaine d’expertise particulièrement demandé des sciences en infirmerie. Des métiers tels qu’infirmier en néonatalogie consistent à adapter les soins aux besoins particuliers de ces populations fragiles. «Ces spécialistes sont chargés d’assurer la prise en charge médico-chirurgicale des enfants et nouveaux nés. Il assistent également ceux présentant une détresse vitale», nous apprend Ayache.
Le taux d’insertion de ces spécialités est particulièrement élevé à l’heure actuelle, pouvant aller jusqu’à 100%. «Il peut dépasser parfois 90% en réanimation, en anesthésie ou encore en psychiatrie. L’employabilité immédiate est également fréquente dans le secteur public suite à la réussite du concours d’accès», nous apprend Fares. Enfin, la mobilité à l’international offre des opportunités aux diplômés marocains, particulièrement recherchés à l’étranger pour leurs compétences.
Les formations en sciences infirmières sont dispensées par plusieurs institutions au Maroc, dont notamment l’OFPPT, les écoles et universités privées ainsi que les universités reconnues par l’Etat.
Des formations spécialisées dispensées dans le public et le privé
«La Faculté Mohammed VI des sciences infirmières et professions de la santé de l’UM6SS offre dans ce sens une formation complète intégrant la théorie, la pratique et la recherche dans plus de 15 filières paramédicales, allant de la licence au doctorat», nous apprend le doyen de la faculté. «L’Université Euromed de Fès accueille chaque année les bacheliers souhaitant s’orienter vers ces métiers. L’admission repose sur une sélection rigoureuse afin d’accompagner le candidat vers la filière la plus adaptée à son profil», complète son vice-président.
Débouchés:
- Services spécialisés des hôpitaux et cliniques
- Services de soins à domicile
- Recherche et enseignement
- Santé au travail (infirmier en entreprise pour prévenir les risques professionnels)
- Humanitaire et ONG (interventions en zones de crise et projets de santé publique)
Les soft skills en infirmerie les plus prisées
■ Empathie et intelligence émotionnelle : comprendre les besoins des patients
■ Communication efficace : dialoguer avec les équipes médicales et les familles
■ Gestion du stress et des émotions : faire face aux situations critiques
■ Esprit d’équipe et leadership : prise de décisions en soins complexes
■ Capacités d’adaptation : s’ajuster aux nouvelles pratiques

Des salaires pouvant dépasser les 15.000 DH

Ces filières offrent des rémunérations avantageuses, les salaires variant néanmoins sensiblement en fonction de l’expérience, de la spécialisation et du secteur d’activité. «Les niveaux de rémunération ont enregistré une hausse considérable suite à l’ouverture récente de nouvelles structures de santé aussi bien publiques que privée.
Un lauréat nouvellement recruté peut gagner au minimum 8000 DH par mois, pour atteindre les 15.000 après 10 ans d’expérience», nous explique le directeur pédagogique. «Un plafond qui ne représente pas la réalité de l’ensemble du secteur, comptant des disparités fondées à la fois sur la performance et les ambitions du recruteur mais, également, sur les compétences et l’expérience du candidat», tempère à ce sujet le directeur général de l’université Mundiapolis, Abdelmounim Belalia.
Une profession à l’image transformée après Covid

Le métier d’infirmier a connu une évolution positive ces dernières années, en particulier après la pandémie du Covid. La crise planétaire a permis de redorer le blason de la profession en conscientisant le public sur l’importance de son rôle, ainsi que sur les conditions parfois difficiles de son exercice. «Durant la pandémie du Covid, les infirmiers se sont retrouvés en première ligne et ont contribué activement à la gestion de la crise sanitaire, ce qui a modifié positivement leur statut», souligne à ce sujet le directeur pédagogique de la faculté des sciences paramédicales et techniques de santé qui relève de l’Université Privée de Fès, Abdelhak Ayache. Aujourd’hui, l’infirmier occupe des postes à responsabilités, que ce soit dans les services de gestion ou à travers des postes décisionnels. «Le temps où l’infirmier était considéré comme un exécutant des prescriptions médicales est aujourd’hui révolu», conclut Nejjari.
Karim AGOUMI