Enseignement supérieur: Quel sort pour les concours post-bac?

- Ces examens d’accès aux ENSA, ENSAM, ENCG et médecine devaient être supprimés
- Le nouveau ministre devra trancher
Azzedine El Midaoui s’apprête à présider, mardi prochain, sa première conférence des présidents d’université (CPU) en tant que ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. La présidence de la CPU, il l’avait assurée des années durant, en tant que président de l’université de Kénitra. Ce sera l’occasion pour le ministre de partager sa vision du secteur et de décliner ses priorités. S’inscrira-t-il dans la continuité ou dans la rupture? C’est la question que tout le monde se pose.

Son prédécesseur, Abdellatif Miraoui, avait ouvert plusieurs chantiers, et s’apprêtait à en lancer d’autres. Parmi eux, celui de la suppression des concours post-bac (ENSA, ENSAM, ENCG, facs de médecine & pharmacie & dentaire).
Les candidats issus du privé majoritaires
L’ancien ministre était sur le point de démarrer une phase de sensibilisation afin de préparer le terrain à ce projet. Dans sa présentation de la rentrée universitaire 2024-2025 déjà, il avait partagé quelques chiffres sur le taux d’absentéisme aux différents concours post-bac (voir illustration), et insisté sur le coût que cela représente. Selon Miraoui, les concours font passer aux candidats un deuxième baccalauréat, pour des résultats quasi identiques. Ils posent, en outre, un réel problème d’égalité des chances. Toujours selon l’ancien ministre, si les bacheliers issus de l’enseignement privé sont minoritaires au bac, dans les écoles et facultés à accès sélectif post-bac ils sont largement majoritaires. Autrement dit, le taux d’accès à ces établissements est fortement corrélé au milieu social des candidats. En effet, ce sont les plus aisés qui peuvent se payer des programmes de préparation aux concours (avec des prix pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers de DH), et supporter le coût des déplacements dans plusieurs villes pour se soumettre aux épreuves. L’idée était donc de mettre un terme aux concours qui, en plus, coûtent cher à l’Etat. Celui de médecine, par exemple, nécessite chaque année une enveloppe autour de 15 millions de DH, sans compter l’énorme logistique derrière.
Les prédécesseurs de Miraoui, Saaïd Amzazi et Lahcen Daoudi, étaient du même avis. Cependant, aucun n’a pu bénéficier de suffisamment de temps pour aller jusqu’au bout de cette décision censée faire «triompher» la méritocratie. Les regards se tournent donc aujourd’hui vers Azzedine El Midaoui. Adhèrera-t-il à cette vision?

Les chantiers inachevés
Nouveaux cahiers de normes pédagogiques pour la licence, le master et le doctorat, ainsi que pour les écoles et facultés à accès sélectif, activation du système des crédits, création de centres d’excellence dans les facs à accès ouvert, lancement d’écoles de codage 212, généralisation du wifi…, montage de centres de recherche thématiques, doctorants moniteurs, nouveau statut des enseignants-chercheurs, Massar Sup… Durant son mandat de 3 ans, Abdellatif Miraoui a pu concrétiser plusieurs de ses projets. D’autres, non moins importants, n’ont pas été achevés. Parmi eux (outre la suppression des concours post-bac), la réforme de la loi 01-00 régissant le sec
teur, en attente depuis une dizaine d’années (pour un texte vieux de 25 ans), la création de SA pour la gestion de la formation continue des universités publiques, le schéma directeur de l’offre de formation universitaire, ou encore le renforcement de l’ouverture sur le continent et sur l’international.
Ahlam NAZIH