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Qualité des études en médecine: Miraoui s’explique

Parmi les raisons ayant poussé les étudiants en médecine à boycotter leurs cours, stages et examens depuis janvier dernier, leurs «doutes» quant à la qualité de la formation, dont la durée a été ramenée de 7 à 6 ans. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, revient sur cette question. Il présente même les mesures prises pour préserver la qualité des stages de terrain, en parallèle à l’augmentation des effectifs (voir aussi page IV).

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Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation: «L’évaluation de l’impact du stage de la 7e année, faite par les facultés, est unanime quant à sa faible contribution au renforcement des compétences des futurs médecins généralistes» (Ph. Bziouat)

– L’Economiste: La qualité du cursus de médecine est-elle réellement menacée, en raison de la réduction de la durée de la formation?
– Abdellatif Miraou: De l’avis des spécialistes, la formation médicale au Maroc est l’une des meilleures. Les médecins formés au Maroc sont de très haut niveau. Cette qualité de formation a été développée et préservée par les facultés de médecine. Lors de la préparation du «programme national de renforcement de la densité du personnel de santé à horizon 2030», la qualité de la formation a été au cœur des préoccupations des responsables universitaires à tous les niveaux. Pendant toutes les phases de conception et de préparation de la mise en œuvre de ce projet, la garantie de la qualité de la formation médicale a été le déterminant central des choix adoptés.

– Comment s’est opérée la révision du cursus?
– Le choix de réviser le parcours de la formation médicale a été l’une des composantes de ce projet global qui englobe d’autres mesures, alliant extension du système et amélioration de la qualité. Cette révision est conçue en plusieurs étapes: d’abord, l’optimisation du parcours de formation, ensuite l’amélioration de ce parcours par la révision des contenus et l’introduction d’innovations pédagogiques et de nouvelles thématiques de formation, pour accompagner les changements que connaît le secteur médical au niveau mondial. Enfin, la révision de la formation médicale de spécialité, pour accompagner le chantier de développement de notre système de santé, et lui permettre d’atteindre ses objectifs d’encadrement médical au niveau territorial.
La réduction de la durée de la formation médicale de 7 à 6 ans est l’un des extrants de ce processus. Le stage de la 7e année était un stage de fin de parcours «non encadré», durant lequel les étudiants sont affectés à des structures hospitalières régionales et provinciales, sans aucune supervision directe de la part de leurs professeurs.

– La 7e année était donc superflue?
– L’élimination de la 7e année, telle qu’elle était organisée, n’impactera nullement la qualité de la formation médicale des médecins généralistes. Durant cette année, les étudiants réalisent des actes médicaux et ne sont pas tenus d’une obligation de présence, sauf pour les gardes et le service des urgences. Ils exercent en tant que «médecins faisant fonction d’interne», sans aucune supervision de leurs professeurs. Les activités réalisées sont très disparates, non encadrées et impactent faiblement, voire négativement, la consolidation de leurs acquis pédagogiques et médicaux en fin de leur cursus. En plus, au cours de cette année, beaucoup d’étudiants adoptent des pratiques non appréciées dans l’exercice de la médecine. Certains d’entre eux considèrent cette année comme une année «peu chargée», leur permettant d’avoir d’autres activités que l’exercice réel de la médecine générale dans les hôpitaux publics à plein temps.

– Des évaluations ont-elles été réalisées?
– L’évaluation de l’impact du stage de la 7e année, faite par les facultés, est unanime quant à sa faible contribution au renforcement des compétences des futurs médecins généralistes. Elle n’est même d’aucune valeur ajoutée pour les futurs médecins spécialistes. Ce constat ne date pas d’aujourd’hui. Pourtant les médecins généralistes formés à ce jour sont d’un excellent niveau et n’ont absolument aucun problème pour exercer pleinement leur métier de médecin généraliste.
Pour rassurer les étudiants, le ministère de la Santé propose aux lauréats qui le souhaitent de débuter l’exercice de leur métier au sein des Groupements sanitaires territoriaux (GST) en tant que «médecins généralistes» dans les structures hospitalières, sans aucune exigence de durée. Ces lauréats peuvent par la suite, soit rester au sein du GST s’ils le souhaitent, soit le quitter pour le secteur privé, soit accéder au 3e cycle de formation, s’ils réussissent le concours de résidanat.

                                                

Equivalence du diplôme marocain: Aucun risque!

Certains étudiants craignent qu’avec une formation de 6 ans le diplôme marocain ne soit pas équivalent à ceux de certains pays européens, ce qui pourrait entraver leur projet de poursuivre leurs études à l’international, voire même d’expatriation. Le ministre de l’Enseignement supérieur rassure. «La reconnaissance du diplôme de médecine marocain dans ces pays n’est pas à questionner. Elle fait l’objet d’accord de coopération avec l’Europe dans sa globalité, et spécifiquement avec des pays tels que la France, via des conventions bilatérales», souligne-t-il. Chaque étudiant ou lauréat souhaitant poursuivre ses études à l’étranger présente ainsi aux universités concernées son diplôme et les résultats de son parcours de formation (les notes, les stages, la thèse, les certifications…). Après l’étude de son dossier, il peut soit être inscrit au niveau demandé, soit réaliser un complément de formation avant d’y accéder. Cela dit, pour Miraoui, il n’est «ni logique ni cohérent» que le Maroc pense sa formation médicale en prenant en compte les besoins d’autres pays.

La programmation des stages de la 6e année déjà entamée

Le déroulement de la 6e année d’études, réservée aux stages, a également été sujet à questionnements. Selon Abdellatif Miraoui, la programmation des stages sur la période 2024-2030 a été réalisée par les facultés de médecine en concertation avec les directions régionales de la Santé. Cette programmation prend en considération les effectifs des étudiants prévus, intègre les nouveaux terrains de stage au niveau des GST et prend en compte les critères de qualité exigés. La programmation des deux premières années (2024-2025, 2025-2026) est déjà fixée, et celle des 4 autres est en cours d’affinement. Ceci, en anticipant le démarrage des activités des commissions régionales mixtes (entre le GST et les facultés), qui seront constituées par un décret (en cours d’adoption). «Ces commissions seront chargées du choix des sites pour les nouveaux terrains de stage et la définition des conditions optimales d’une formation pratique de qualité (encadrement, activités, organisation…)», explique le ministre.

Ahlam NAZIH

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