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Le cursus de médecine, étape par étape

Que ce soit l’ancien ministre en charge de l’Enseignement supérieur, Saaïd Amzazi, ou l’actuel locataire du ministère, Abdellatif Miraoui, tous deux ont exprimé leur volonté de mettre fin aux concours d’accès à la médecine et aux grandes écoles post-bac (ENCG, ENSAM, ENSA…). Mais jusque-là, aucune décision n’a été prise. Pour faire médecine, il faudra donc, jusqu’à nouvel ordre, encore passer par des épreuves écrites. Une fois admis, comment se déroule le cursus? Avec la réforme des études en médecine, des changements sont intervenus dans le parcours. Toutefois, des questions ne sont toujours pas tranchées, notamment celle de la contractualisation.

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■ Un premier cycle de 2 ans, avec 2 mini-stages

Depuis mars 2023, la décision a été prise de faire passer la formation en médecine générale de 7 à 6 ans. Le cursus est réparti en deux cycles. Le premier est de deux ans, tandis que le deuxième est de quatre ans. «Les deux premières années comprennent des études fondamentales avec des TD et des TP, en plus de deux mini stages. Dans certaines facultés les cours sont réalisés à la fois en présentiel et en distanciel via des logiciels comme Zoom. Le premier mini stage est sous forme d’une immersion clinique. Il permet une familiarisation avec les structures de santé. Alors que le deuxième concerne une initiation aux soins infirmiers», explique Pr. Mohamed Bouskraoui, doyen par intérim de la faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech. Il s’agit de stages de deux à trois semaines. Dans les facultés publiques, c’est l’établissement qui se charge de placer les étudiants dans des stages. Celui d’immersion clinique peut être réalisé dans n’importe quelle structure de santé, tandis que celui relatif aux soins infirmiers est effectué dans des centres de santé.

■ Le concours d’internat toujours de mise

Après les deux premiers cycles, commence le 3e cycle, celui de la spécialisation. Mais avant, les étudiants doivent choisir entre deux voies: l’internat et le résidanat. Deux parcours soumis à concours. Jadis, l’internat était considéré comme «la voie royale» vers l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, ce n’est plus tellement le cas, puisque le recrutement se fait aussi parmi les lauréats du concours de résidanat. Néanmoins, l’internat reste. Etalé sur 2 ans, il démarre désormais à la 5e année, selon le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui (avant réalisé en 6e et 7e année). «Son avantage est qu’il offre une formation terrain solide», précise Pr.Bouskraoui. En tant qu’internes, les étudiants vivent dans les CHU, et pratiquent le métier aux côtés de leurs aînés, dans les urgences et les différents services. Après les deux ans, les internes n’ont pas besoin de passer le concours de résidanat, leur ouvrant la voie vers la spécialisation. Ils sont déclarés résidents d’office, et sont même prioritaires pour le choix des spécialités. Le résidanat dure 3 à 5 ans, en fonction de la spécialité choisie.

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■ A la 3e année, démarrage de la formation alternée

Le 2e cycle commence à la 3e année. De la 3e à la 5e année, les étudiants alternent stage hospitalier les matinées, et enseignement théorique les après-midi à la fac. «Un médecin apprend son métier à l’hôpital», insiste Pr.Bouskraoui. La 6e année est, pour sa part, sous forme de stage hospitalier à plein temps, avec des modules de renforcement des compétences en médecine générale. L’étudiant est censé y préparer également son sujet de thèse, et passer au fur et à mesure ses examens cliniques.

■ Changer de parcours: Pas encore de passerelles partout

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Mohamed Bouskraoui, doyen par intérim de la faculté de médecine et de pharmacie de Marrakech (Source: Privée)

Un décret publié au Bulletin officiel en septembre 2022 (n° 2.22.495) a permis d’introduire une révolution dans les facultés de médecine & pharmacie (FMP) et de dentaire. Grâce à ce texte, les étudiants ne pouvant, pour une raison ou une autre, poursuivre leurs études en médecine ont la possibilité de bénéficier de diplômes intermédiaires. Ils peuvent aussi profiter de passerelles entre ces facultés et d’autres établissements de l’enseignement supérieur. «Toutefois, sur le terrain, cela n’est pas encore possible partout», regrette le doyen par intérim de la faculté de médecine de Marrakech. «A Marrakech, nous avons monté un master de biomédical pour justement permettre aux étudiants, en cas d’échec ou pour d’autres raisons, de s’y inscrire», partage-t-il.

                                                                    

Rush sur les spécialités les plus «rentables»

Diplôme en poche, la majorité des médecins fraîchement émoulus font l’impasse sur le service public pour exercer dans le privé. Pour beaucoup, la spécialité n’est pas choisie par vocation. Ils s’orientent surtout vers des domaines jugés rentables (ophtalmologie, cardiologie…), ou encore peu pénibles (voir aussi page X). Les spécialités où le Maroc est en déficit de spécialistes sont connues, comme la santé de la mère et de l’enfant, la santé mentale, les urgences, l’oncologie… Or, ce ne sont pas celles que la majorité des étudiants choisissent. Faut-il les blâmer? En tout cas, il faudrait trouver des solutions pour les attirer vers les domaines qui manquent cruellement de compétences.

Après le diplôme, une contractualisation de 3 ans pour tous?

Jusque-là, les diplômés en médecine avaient deux possibilités, s’engager avec l’Etat pour une durée d’exercice de 8 ans dans le public, ou bien opter pour un statut de bénévole. Dans ce dernier cas, aucune obligation, ils peuvent tout de suite exercer dans le secteur privé et ouvrir leur propre cabinet. Chaque année, la majorité choisit le bénévolat. Or, les hôpitaux publics, trainant de graves déficits en médecins, ont également besoin de compétences. Actuellement, la réflexion est en cours pour rendre la contractualisation avec l’Etat obligatoire pour tous les lauréats, néanmoins, avec une réduction de la durée. Selon une source impliquée dans le projet, le nouveau contrat pourrait s’étaler sur 3 à 4 ans pour tous.

Ahlam NAZIH

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