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Pourquoi des Marocains font médecine à Dakar

  • Une destination prisée pour la qualité de la formation
  • Diplôme reconnu, bourse, spécialisation plus simple… Des avantages qui séduisent
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La faculté de médecine et de pharmacie de Dakar accueille chaque année plusieurs dizaines d’étudiants marocains (Ph. Privée)

Le bac en poche, de nombreux étudiants marocains optent pour la médecine. Mais accéder à une faculté de médecine n’est pas donné à tous, car il faut passer par un concours ultra sélectif. Une partie des candidats est ainsi obligée de se tourner vers d’autres cieux pour poursuivre son rêve d’intégrer un parcours en médecine de renommée.
Dakar, capitale du Sénégal, est l’une des options que choisissent chaque année les étudiants marocains. La faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) fait partie des plus prisées du pays. Elle offre aux étudiants internationaux une multitude de choix, notamment pour la spécialisation. Cependant, au-delà de la réputation académique, d’autres facteurs influencent le choix des Marocains.

Le Sénégal est un pays réputé pour la qualité de son enseignement supérieur, malgré les péripéties des dernières années dans le milieu universitaire. La faculté de médecine de l’UCAD fait partie de celles qui gardent encore leur renommée. Elle attire chaque année de nombreux ressortissants marocains, mais aussi des étudiants issus d’autres pays africains. «Le Sénégal est l’un de leurs meilleurs deuxièmes choix. En plus, c’est un pays accueillant, surtout pour les Marocains. Les étudiants bénéficient, en outre, d’une bourse d’études», explique Dr. Papa Balla Diop, lauréat de la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat (Souissi), et médecin radiologue au centre de radiologie BIPA (Bipole d’imagerie pédiatrique et adulte) de Dakar. Il est également titulaire du diplôme de spécialisation en radiologie de l’UCAD. «La formation au Sénégal est d’un très bon niveau, tout comme celle du Maroc», argue-t-il.

Pour accéder aux facultés de médecine, les Marocains doivent figurer sur la liste des étudiants bénéficiant d’une bourse d’étude à l’étranger. Pour cette année universitaire, quelque 150 places pédagogiques ont été offertes par le Sénégal au Maroc, dont plus d’une centaine pour des filières médicales. Dr. Hamza Elhamzaoui, professeur en anesthésie-réanimation au CHU Ibn Sina de Rabat et enseignant Winfocus Maroc, est passé par le Sénégal. «Après une mention Bien, j’étais 7e sur la liste d’attente de la faculté de médecine de Rabat. J’ai été accepté dans plusieurs écoles, mais c’est la médecine qui était mon premier choix. À Dakar, il y avait la double diplomation à l’époque, car la faculté de médecine était jumelée à celles de Bordeaux et de Paris», témoigne-t-il. Dr. Elhamzaoui a, également, été séduit par la proximité culturelle, et même religieuse, entre le Sénégal et le Maroc. «Je connaissais aussi des compatriotes bien installés à Dakar, donc je n’allais pas être dépaysé». Dakar reste, par ailleurs, une ville où il fait globalement bon vivre. «La vie au Sénégal et plus précisément Dakar est très similaire à là d’où je viens, et les gens sont accueillants et ouverts d’esprit», confie Mohsine Ait Oukhabbar, DES (Diplôme d’études spécialisées) Radiologie, 4e année, à l’UCAD.

Une multitude d’options pour les stages

Sur le plan académique, le Sénégal offre des avantages qui n’existent pas encore au Maroc. «La principale raison de ma décision de poursuivre mes études en médecine au Sénégal était la possibilité de choisir ma spécialité, vu qu’au Maroc on a un concours de résidanat et les postes pour la radiologie sont limités», précise Mohsine Ait Oukhabbar. Pour ce jeune étudiant marocain, «la spécialité à l’UCAD est reconnue au Maroc comme en France, et c’est l’un des avantages qui facilitent l’intégration côté professionnel».
Dr. Elhamzaoui, qui est le premier Professeur marocain en Anesthésie Réanimation ayant obtenu son doctorat à Dakar, estime toutefois qu’il y a une petite différence sur le système d’études. «Le format pédagogique n’est pas le même, et parfois c’est un peu plus dur à Dakar». Cela dit, la capitale sénégalaise a l’avantage d’offrir une multitude d’options pour les stages, grâce aux nombreux hôpitaux qui y sont basés. Plus tard, l’insertion professionnelle au Maroc n’est pas difficile après une formation et des stages réussis au Sénégal, selon ces deux Marocains.

Une destination moins chère que l’Europe de l’Est

Le Sénégal reste également une destination relativement moins chère pour un étudiant, comparé à d’autres pays européens, tels que l’Ukraine ou la Roumanie. Certes, les prix du logement ont explosé ces dernières années, surtout dans la capitale Dakar, alors que l’inflation galopante continue de peser sur le coût de la vie. Néanmoins, la facture pour y faire des études supérieures y reste nettement inférieure, par rapport à d’autres pays qui se présentent comme des options pour les étudiants marocains. Mohsine Ait Oukhabbar estime que le prix du logement en colocation avec un ami est élevé. «Par rapport à l’endroit et type de logement, payer environ 2.200 DH par mois reste cher pour des étudiants». Pourtant, la quasi-totalité des Marocains logent en dehors des cités universitaires, car elles n’offrent pas suffisamment de places, à cause de la forte demande. Mais le Sénégal a l’avantage d’offrir un enseignement gratuit, contrairement à l’Ukraine où il faut débourser entre 30.000 et 40.000 DH par pour des études en médecine (en anglais ou russe).

                                                      

Stages de perfectionnement à l’étranger, un atout clé

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Un autre étudiant ayant effectué une partie de sa spécialisation à l’UCAD met en avant le besoin de changer d’environnement. «J’ai voulu changer d’air à cause de la toxicité du système éducatif médical dans lequel j’ai été formé», livre-t-il sans détour. Ce jeune défend aussi son choix par la possibilité de sélectionner sa spécialité. Dakar est également connue pour la bonne réputation académique des encadrants et leurs méthodes d’enseignement et de formation. Le Sénégal offre par ailleurs la liberté de faire des stages de perfectionnement en dehors du pays, notamment en France. Cette option «n’est pas vraiment acceptée au Maroc», avance cet étudiant ayant choisi de garder l’anonymat.

El Hadji Mamadou GUEYE

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