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Licence, master, doctorat: Une offre de formation entièrement revisitée

  • Des diplômes avec une plus forte dose de langues et soft skills
  •  Les écoles à accès sélectif démarrent leur réforme cette année

Pas de retour au schéma de la licence en bac+4 au Maroc. Après avoir considéré l’option du bachelor en quatre ans, incluant une «foundation year», à savoir cette année de transition entre le lycée et l’université, le pays a choisi de garder le modèle de la licence en bac+3. Néanmoins, avec une plus forte dose d’enseignement de langues et de soft skills, ainsi qu’un système de crédits, permettant une meilleure lisibilité du diplôme à l’international. Et ce n’est pas tout. Plusieurs nouveautés ont été introduites au cours de cette année universitaire 2023-2024. Retour sur ce qui a changé.

Ahlam NAZIH


■ Nouvelle génération de diplômes

Cette année a connu le lancement de la licence nouvelle génération, avec une offre de filières entièrement renouvelée, mais pas que. Le cycle doctoral a également été revu dans le même esprit. A la rentrée 2024-2025, ce sera au tour de la réforme du master, qui intègrera également plus de cours de langues et de soft skills, avec des cursus totalement revisités. L’objectif est également de proposer des spécialités répondant mieux aux attentes des régions et des secteurs clés du Maroc et de l’Afrique. Les facultés ne sont pas les seules concernées par ce chantier. Les grandes écoles d’ingénieurs et de commerce, ainsi que tous les établissements soumis à une sélection (par dossier ou sur concours), devront aussi mettre à jour leur offre, en y incluant plus de compétences transversales et de langues. La révision de leurs cahiers de normes pédagogiques nationales a déjà commencé cette année.


■  Des modules en e-learning

Les nouveaux cahiers de normes pédagogiques ont ouvert la voie au e-learning. Chaque responsable pédagogique peut y recourir s’il le juge approprié. Depuis 2020, toutes les universités se sont équipées de studios pour l’enregistrement de cours destinés au e-learning. Pour les modules de langues et soft skills, 70% des cours sont réalisés en distanciel, grâce à des plateformes dédiées, et 30% en présentiel.


■ Pour la première fois, un système de crédits

Vingt ans après avoir adopté le modèle LMD (licence-master-doctorat), les universités marocaines activent le système international des crédits dits Ects (European Credits Transfer System). Chaque module de formation est ainsi comptabilisé en crédits. Un semestre compte au total 7 modules, dont 5 disciplinaires et deux de power skills, auxquels 30 crédits sont associés. Pour la licence, il faudra en cumuler 180. Ce système permet une plus simple mobilité des étudiants entre universités, ainsi qu’à l’international. Ceux souhaitant se réorienter au cours de leur parcours peuvent également justifier de leurs acquis sous forme de crédits. Ces derniers peuvent aussi être gagnés grâce à des activités para universitaires (associatives, artistiques, sportives…). L’enrichissement de la vie universitaire et l’épanouissement des étudiants fait d’ailleurs partie des objectifs de la nouvelle réforme de l’enseignement supérieur au Maroc.


Des bourses plus consistantes pour les doctorants

Afin de former une nouvelle génération de docteurs, le ministère de l’Enseignement supérieur a lancé cette année un programme de doctorants moniteurs (PhD-Associate Scholarship – PASS). Pour attirer les meilleurs profils à l’université, et les garder, le programme propose une bourse revalorisée, de 7.000 DH par mois (près de 639 euros), contre quelque 1.200 DH (environ 110 euros) pour les autres doctorants, dans le cadre d’un contrat de 36 mois. Il comprend, également, une mobilité à l’international, ainsi que des formations en langues et soft skills. Les doctorants participent, en outre, à des activités d’enseignement. Cette année, 1.000 étudiants en ont profité, dont les trois quarts sont des femmes. Le ministère ambitionne d’augmenter le nombre de bénéficiaires dès l’année prochaine, dans le but de constituer une relève de chercheurs de «rang international».

Pour l’instant, le programme n’est pas ouvert aux étudiants internationaux, mais le sujet est à l’étude, selon le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui.

Certaines universités privées ont pris de l’avance sur ce chantier. Elles ont, en effet, été les premières à offrir, il y a quelques années, des programmes de bourses doctorales attractives, allant de 8.000 (730 euros) à 10.000 DH (913 euros) par mois. C’est notamment le cas de l’UIR et de l’UM6P. Leurs programmes sont accessibles aux étudiants internationaux. «Néanmoins, il faudrait qu’ils obtiennent de notre ministère l’équivalence de leurs diplômes antérieurs, si délivrés par un pays étranger», précise Mounir Ghogho, doyen du collège doctoral de l’UIR.


Des centres d’excellence au cœur des facultés

   Les facultés publiques à accès libre sont souvent réputées pour être un refuge par défaut pour les étudiants. Pour changer cette image, et offrir aux jeunes de ces établissements une deuxième chance d’intégrer des parcours d’excellence, le ministère de l’Enseignement supérieur y a créé de nouveaux cursus. Depuis septembre dernier, à l’intérieur même de ces facultés des centres d’excellence ont été ouverts, avec un accès sélectif (sur dossier ou concours) pour les bac+2 (y compris parmi les internationaux). Ainsi, après deux ans à la fac, les étudiants peuvent candidater pour ces centres qui proposent des filières innovantes dans toutes les disciplines. La licence en poche, ils peuvent enchaîner avec un master à l’intérieur de ces centres, avec un accès automatique, sans sélection.

Quelque 63 centres d’excellence ont été montés cette année, totalisant 18.370 places pédagogiques. A la rentrée de septembre, de nouveaux centres seront créés, et des moyens supplémentaires seront mobilisés.


■ Des cartes SIM 4G gratuites pour tous les étudiants des universités

Dans les universités publiques, les étudiants ont eu droit, pour la première fois cette année, à des cartes SIM 4G gratuites, avec un accès illimité à toutes les ressources universitaires. Quelque 1,3 million sont concernés par cette opération. La couverture wifi a également été renforcée. En parallèle, les universités ont mobilisé des salles informatiques à l’intention des étudiants non équipés en nouvelles technologies.


■ Des écoles de codage informatique ouvertes à tous

Toutes les universités publiques devront monter des écoles de codage informatique, baptisées Code 212, pour des formations courtes en digital. Plusieurs ont déjà été créées, notamment à Casablanca, Agadir et Kénitra. Coding, data science, big data, robotique, intelligence artificielle…, les étudiants des universités publiques, toutes spécialités confondues, pourront s’initier aux nouvelles technologies dans ces écoles, gratuitement, moyennant des certifications. Dans ce modèle, l’autoformation et le peer learning (apprentissage par les pairs) sont privilégiés. Des enseignants et des professionnels y sont également mobilisés pour l’encadrement des étudiants. A Agadir, l’université, qui prévoit 9 centres de coding, promet d’y inclure des espaces de coworking, de pitchs, de visioconférences, de robotique, réalité virtuelle, impression 3D, détente… Les écoles de la région pourraient être ouvertes 24h/24 et 7j/7.



 Il existe différents modèles d’établissements au Maroc, relevant de divers ministères, du public et du privé. Le nombre total d’établissements est de près 432, contre 392 en 2016-2017


Les universités payantes ont fait leur apparition au Maroc à partir de 2010, avec la création de l’Université internationale de Rabat (UIR). Depuis, les investissements se sont multipliés. Aujourd’hui, l’offre payante se compose de 5 universités créées dans le cadre d’un partenariat avec l’Etat, et 6 entièrement privées. Elles se rajoutent à Al Akhawayn, seule université publique à gestion privée au Maroc, également payante (inaugurée en 1995), et aux 12 universités publiques (une par région), dont l’offre est totalement gratuite

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