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L’enseignement supérieur privé redéploie ses cartes

Cessions, fusions-acquisitions, alliances stratégiques, gros investissements dans des campus imposants, nouvelles universités de rang mondial, implantation d’écoles françaises… Sur les dix dernières années, l’enseignement supérieur privé au Maroc s’est inscrit dans un mouvement de transformation. Aujourd’hui, le secteur fait aussi preuve de plus d’appétit pour se développer, même au-delà des frontières (cas de l’UM6P). Des opérateurs osent, en outre, viser très haut, en briguant de prestigieuses accréditations internationales et des classements parmi les plus sélectifs au monde (RBS, ESCA). Même si le secteur n’arrive toujours pas à capter plus de 5% des effectifs du supérieur, il continue sa marche vers une offre toujours plus qualitative, pour se placer en alternative aux études à l’étranger. Néanmoins, il reste encore des ingrédients à travailler. Des patrons d’écoles nous en parlent.
Ahlam NAZIH

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Olivier Aptel, DG de Rabat Business School (UIR) (Ph. RBS)

Se doter d’une «aura internationale»

«La situation économique des dernières années n’a certainement pas favorisé l’élan du secteur privé, et a ralenti son mouvement. Mais je pense que ce mouvement est inéluctable.
Il existe une grande demande au Maroc pour l’offre privée, mais qui s’exprime surtout pour l’étranger. Les choses commencent néanmoins à changer. Nous le remarquons à RBS, où nous accueillons davantage d’étudiants qui, il y a quelques années, ne se seraient même pas posé la question du Maroc. La reconnaissance de l’Etat, et le travail fourni par les établissements ont permis d’offrir des alternatives crédibles et compétitives par rapport à des institutions étrangères.
Avant, j’étais malheureux de voir des étudiants se diriger vers d’obscures institutions, juste parce qu’elles étaient situées en Espagne ou en France, pour avoir des diplômes pas ou peu reconnus. Aujourd’hui, de plus en plus font le choix du Maroc. Ils savent qu’ils auront  accès à des écoles et universités possédant des accréditations internationales et proposant de la qualité.
Ce qui reste à accomplir? Il faudrait que les institutions marocaines s’orientent plus vers des systèmes de reconnaissance internationale. Ce qui fait la réputation d’une école ou d’une université, ce n’est pas seulement la qualité de son diplôme ou l’employabilité de ses lauréats. C’est aussi la reconnaissance et l’aura internationales qu’elle peut développer. Si l’on veut contrecarrer la fuite des cerveaux, il faut miser sur cet argument. A mon avis, c’est la clé dans les années à venir».

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 Thami Ghorfi, président de l’ESCA Ecole de Management (Ph. TG)

Nouer une alliance public-privé

«Le secteur privé a opéré une mue remarquable, avec des investissements colossaux, qui ont donné lieu à des établissements de taille de plus en plus grande. Cela s’est traduit par l’amélioration significative des infrastructures, avec plus de services aux étudiants, l’amélioration de la qualité de l’enseignement et le développement de la recherche qui n’existait quasiment pas il y a 10 ans dans les établissements privés. Cette dynamique a été consolidée par la mise en place depuis 2016/17 du système de la reconnaissance.
Parallèlement, l’on constate l’entrée d’écoles privées dans le club restreint des établissements accrédités par des organismes internationaux, tels que AACSB. Grâce à cette dynamique, le secteur attire davantage d’étudiants internationaux et des enfants de la diaspora marocaine, et s’impose comme une alternative de qualité pour des départs à l’étranger. Aujourd’hui, il est nécessaire de travailler à travers une alliance public-privé, pour chercher les meilleurs talents possibles à l’international, notamment en Afrique. Ensemble, nous pouvons atteindre des tailles critiques, le privé seul reste encore trop petit.
Ces dernières années, l’ESCA participe au concours d’accès aux ENCG à partir du bac+2 (CNAEM), ce qui est une marque de reconnaissance. Tous les ans nous recrutons des étudiants à travers ce concours, et nous octroyons des bourses de 75% à 100%. Un candidat excellent ne doit pas se poser la question du public ou privé. Il doit pouvoir faire des études dans une bonne institution, évoluer, se transformer, s’élever et acquérir les compétences nécessaires pour son avenir»

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Hugues Levecq, directeur de l’ESSEC Afrique (Ph. ESSEC)

Continuer sur la voie de l’internationalisation et de la recherche

«En matière d’économie et de gestion, l’offre est aujourd’hui qualitative. Elle s’est largement développée. Des indicateurs externes mettent cela en évidence, notamment les accréditations internationales obtenues, plus particulièrement l’AACSB. Les offres sont, également de plus en plus tournées vers l’international, présentant davantage d’opportunités aux étudiants de s’ouvrir sur le monde. La dimension académique et de recherche a, en outre, tendance à se renforcer, sous l’impulsion des accréditations internationales reçues ou recherchées.
A l’ESSEC, nous essayons de contribuer aussi à cette dynamique, plus modestement que d’autres écoles au Maroc, mais avec la même ambition d’excellence pour les étudiants que nous accueillons. Il faut les préparer à leur vie d’adulte, à la fois professionnelle et personnelle, et à être des leaders et des game changers. C’est-à-dire des personnes qui, au-delà d’avoir la capacité à s’adapter à leur environnement, seront capables de l’imaginer et de le changer eux-mêmes. Pour l’avenir, il serait judicieux de développer davantage l’internationalisation des établissements et la mobilité étudiante, à la fois sortante et entrante. Mettre plus l’accent sur la dimension académique et la recherche permettra de proposer aux étudiants des savoirs conformes à l’état de l’art des disciplines, et de les mener à réfléchir comme des chercheurs. Ainsi, ils seront capables de poser les bonnes questions, tout en déployant des méthodologies adéquates pour y répondre intelligemment» .

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