Bilan de compétences: Des freins financiers et culturels
- Le coût oscille entre 5.000 et 20.000 DH
- L’outil se développe mais son usage reste limité
Ces dernières années, le bilan de compétences est de plus en plus utilisé au Maroc. Davantage proposé par les experts de l’accompagnement et de la formation, il commence à se développer au sein des grandes et moyennes structures des métropoles.
Une tendance révélant une véritable prise de conscience de ses bénéfices et de ses apports stratégiques émanant des entreprises. «Une forte demande a été constatée à la suite de la pandémie du Covid. Cela traduit un changement de perception à son égard», confie Ikhlass Ferrane. «Il n’est cependant pas aussi répandu qu’en Europe ou en Amérique du Nord à l’heure actuelle», tempère néanmoins Rharib. Le prix d’un bilan de compétences au Maroc, quant à lui, se situe entre 5.000 et 20.000 DH.
Un coût relativement élevé incluant le financement des entretiens personnalisés, des tests d’évaluation et de l’accompagnement qui en rebute plus d’un. «Cette somme peut représenter un frein pour les demandeurs, d’autant que peu d’entreprises marocaines proposent la démarche en interne, et qu’il n’existe pas à ce jour de subventions ou de financements publics dédiés», précise à ce sujet le consultant en orientation. «Le coût de cette démarche est encore trop souvent perçu comme élevé en comparaison aux revenus moyens des candidats intéressés. D’autant plus qu’il n’existe toujours pas au Maroc de cadre réglementé ou de dispositif de financement spécifique, à l’image du Compte personnel de formation (CPF) en France, qui permettrait de couvrir les frais de manière généralisée», ajoute ce dernier.
Manque de sensibilisation
L’un des principaux autres freins à sa généralisation est le blocage culturel. «Les Marocains cultivent une perception négative de la reconversion professionnelle, souvent associé à l’instabilité et à l’échec», nous explique le consultant en orientation. «Il y a clairement un manque de sensibilisation sur les avantages de cet outil, qui peine encore à être utilisé sur un marché du travail reposant encore principalement sur les diplômes et l’expérience, plutôt que sur une analyse fine des compétences», précise ce dernier. Enfin, le bilan de compétences se veut responsable. «L’outil requiert du temps, un engagement sur la durée, une forte implication personnelle et beaucoup de patience», conclut sur ce point Ikhlass Ferrane.
Karim AGOUMI