Je refais l’année… Mais ce n’est pas un drame!
Souvent mal perçu et difficilement accepté par les étudiants, le redoublement est synonyme d’échec scolaire. L’expérience constitue pourtant une formidable opportunité de rebondir en tirant des leçons qui seront bénéfiques pour leur carrière. Les conseils d’experts pour «redécoller» après cette période des plus sensibles.
■ Se ressourcer
Après avoir appris la nouvelle, il demeure capital de ne pas paniquer. «Lorsqu’on est fatigué, l’émotionnel a tendance à prendre le dessus. Il est donc vivement conseillé de prendre du temps pour soi afin de remettre de l’ordre dans ses idées», recommande à ce sujet Bouchra By, vice-présidente LCI Éducation au Maroc et DG de HEM. Pour se remotiver et recharger ses batteries, il est par ailleurs conseillé de pratiquer une activité physique, de méditer et de s’accorder des moments de détente. «Etre attentif à vos pensées vous permet de rester concentré tout en évitant à votre esprit de se disperser», ajoute la directrice.
■ Accepter pleinement l’échec
Une fois les idées plus claires, il est essentiel d’accepter la situation sans culpabiliser, sachant que l’acceptation de l’échec demeure difficile à digérer pour l’étudiant. «Il doit intégrer que personne n’est à l’abri de l’échec, et que ce dernier ne constitue à aucun moment un obstacle», souligne sur ce point le directeur de l’IGA Mohammed Zaoudi. «Refaire une année ne doit pas être perçu comme un échec personnel, mais plutôt comme une opportunité pour réfléchir à ses points faibles et travailler sur des stratégies afin de les surmonter. Il est important d’embrasser une vision positive et d’utiliser cette période comme un tremplin pour pouvoir s’améliorer», complète Bouchra By.
■ Reprendre confiance en soi et décrypter ses erreurs
Tout un travail doit ensuite être accompli sur son estime de soi afin de la recouvrir pleinement. «Il est primordial de réaliser un travail sur sa propre perception, et de choisir le sens que nous allons donner à cette expérience si l’on souhaite rebondir. A travers nos ateliers et lors de nos accompagnements individuels, nos clients retiennent qu’aucun nouveau départ n’est accessible si la base est négative», nous éclaire Ikhlass Ferrane, enseignante à l’université d’Orléans et consultante en management et communication, directrice générale du centre I Progress. En activant de cette manière son estime de soi, l’étudiant consent ainsi à repérer les comportements susceptibles de constituer des freins à son élan mais, également, à son épanouissement. «Il est capital de comprendre les raisons pour lesquelles l’année n’a pas été réussie. Est-ce un problème de méthode de travail, de gestion du temps, de motivation ou de compréhension des matières?» renchérit By.
■ S’organiser et monter un plan d’action
En identifiant les causes à l’origine du redoublement, il devient plus facile de mettre en place des actions correctives. Un plan d’action pertinent permet d’éviter de commettre à nouveau les mêmes erreurs. Parmi les outils les plus efficaces, l’approche SMART, qui consiste à se fixer des objectifs qui soient à la fois spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporellement définis. «Nous recourons à cette approche à HEM Business & Engineering School pour permettre à l’étudiant de se fixer des objectifs clairs et structurés afin de favoriser sa motivation et de faciliter le suivi de ses progrès», nous détaille la directrice de l’établissement. Autre outil qui a fait ses preuves sur la question, la matrice d’Eisenhower, qui permet de gérer plus efficacement son travail en classant ses priorités académiques. «En permettant à l’étudiant de différencier ce qui est urgent et important de ce qui est important mais moins urgent, cet outil lui permet de consacrer son énergie à d’autres priorités pour optimiser ainsi ses résultats», ajoute la responsable.
■ Solliciter une aide extérieure
Comptant également parmi les actions clés à entreprendre en situation de redoublement, s’entourer de personnes susceptibles de nous motiver et de nous stimuler. «Solliciter l’appuie et le soutien de personnes de confiance, comme des mentors, des enseignants ou des proches, permet de recevoir de l’énergie positive et de se remettre en selle avec plus d’assurance», assure Bouchra By.
La culture qui incrimine l’échec, à bannir!
La société actuelle incrimine plus que jamais l’échec, ce qui a tendance à démotiver les étudiants qui refont leur année. Pourtant, redoubler permet de mieux se connaître, de revoir ses priorités et de se préparer plus efficacement pour l’avenir. «Nous vivons dans une société de plus en plus dure avec ses jugements et élitiste dans ses interactions, ce qui ne favorise ni la créativité ni l’épanouissement de nos jeunes», tient à souligner Ikhlass Ferrane. Au lieu d’incriminer l’échec, il faut selon l’experte inciter à l’action, à la responsabilisation ainsi qu’à la prise d’initiatives.
Se réorienter, l’autre solution
Certains étudiants doivent changer de voie ou de filière, leur filière actuelle ne correspondant pas à leurs aspirations et à leurs compétences. Une réorientation qui leur permettrait de choisir un parcours plus en accord avec leurs intérêts. «La réorientation représente l’opportunité idéale pour s’adonner à ce qui nous passionne réellement. L’étudiant doit se faire entourer de conseillers académiques et professionnels exerçant dans les domaines qui les intéressent en premier lieu afin de les aider à mieux cerner leurs besoins», confie à ce sujet Mohammed Zaoudi. «Car pour avancer dans la vie, nous avons besoin d’y croire, de se sacrifier et surtout de se préserver», conclut le directeur de l’IGA.
Paroles d’experts
■ Bouchra By, vice-présidente LCI Éducation au Maroc et DG de HEM: «Refaire une année ne doit pas être perçu comme un échec personnel, mais plutôt comme une opportunité pour réfléchir à ses points faibles, et travailler sur des stratégies afin de les surmonter».
■ Mohammed Zaoudi, directeur de l’IGA: «L’étudiant doit intégrer que personne n’est à l’abri de l’échec, et que ce dernier ne constitue à aucun moment un obstacle».
■ Ikhlass Ferrane, enseignante à l’Université d’Orléans et consultante en management et communication, directrice générale du centre I Progress: «Il est primordial de réaliser un travail sur sa propre perception, et de choisir le sens que nous allons donner à cette expérience si l’on souhaite rebondir».
Karim AGOUMI