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Orientation post-bac: Pourquoi ça coince toujours?

Presque 60% des étudiants marocains de cycle licence abandonnent leur cursus sans obtenir aucun diplôme. La faute, entre autres, à une mauvaise orientation scolaire au lycée, et à un réel manque d’informations sur le diplôme visé ou les disciplines étudiées.

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Les erreurs de parcours sont bien souvent causées par un manque d’orientation. Submergés par une pléthore d’informations, les jeunes bacheliers se retrouvent perdus (Ph. Privée)

Un problème devenu aujourd’hui une préoccupation majeure pour ces élèves et leurs familles, et contre lequel des mesures proactives peuvent être prises. Ces erreurs de parcours, qui apparaissent le plus souvent dès la première année, sont avant tout causées par un manque de ressources en orientation.

«Le problème de l’orientation post-bac au Maroc persiste en partie à cause d’un manque d’infrastructures adéquates et de ressources humaines spécialisées. Les conseillers en orientation sont souvent en nombre insuffisant, et leur formation ne correspond pas toujours aux besoins actuels du marché du travail», indique à ce sujet Youssef El Hammal, directeur d’YM Africa, centre spécialisé en orientation des étudiants.

Autre raison qui rend la problématique difficile à surmonter, la persistance d’un système éducatif axé avant tout sur la théorie. «Le système éducatif marocain est souvent critiqué pour son manque de flexibilité et son orientation théorique plutôt que pratique. En effet, les programmes scolaires sont parfois déconnectés des réalités du marché du travail et des attentes des étudiants, ce qui crée un décalage et complique l’identification des parcours adaptés aux intérêts et compétences des bacheliers», confie Youssef Rharib, consultant en orientation scolaire et professionnelle, fondateur et DG du centre d’orientation Bridge to Study.

Mettre en place une stratégie nationale intégrée

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Youssef El Hammal, directeur d’YM Africa, centre spécialisé en orientation des étudiants et en accompagnement d’études à l’étranger: «Le problème de l’orientation post-bac au Maroc persiste en partie à cause d’un manque d’infrastructures adéquates, et de ressources humaines spécialisées» (Ph. Privée)

Comptant également parmi les facteurs à l’origine du problème, la faiblesse de l’information et de la communication a tendance à «limiter» les étudiants sur leurs voies d’orientation. «Les élèves et leurs familles manquent d’informations précises et mises à jour sur les différentes filières, ainsi que les perspectives professionnelles qu’elles offrent», indique à ce sujet El Hammal. «Il existe un besoin urgent de plateformes d’information qui soient à la fois centralisées et accessibles aux étudiants », complète sur ce point Rharib.

La pression sociale entraîne par ailleurs bien souvent des choix d’orientation par défaut, alors que ces derniers devraient avant tout reposer sur les centres d’intérêts et les capacités des élèves. «La pression sociale et les attentes culturelles jouent un rôle crucial dans le process. En effet, les choix de carrière des bacheliers marocains sont souvent influencés, voire même forcés, par les attentes familiales et sociales, ce qui peut limiter l’exploration des intérêts individuels des étudiants».

Des centres spécialisés

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Youssef Rharib, consultant en orientation scolaire et professionnelle, fondateur et DG du centre d’orientation Bridge to Study: «La pression sociale et les attentes culturelles jouent un rôle crucial dans le processus d’orientation de nos bacheliers» (Ph. Privée)

Pour limiter ces erreurs de parcours et remédier à ce problème récurrent, il s’avère impératif de mettre en place une stratégie nationale intégrée. Celle-ci doit inclure en premier lieu de former des conseillers en orientation et de multiplier leur nombre dans l’ensemble des établissements scolaires. «Il faut augmenter le nombre de conseillers d’orientation spécialisés au sein des écoles pour réduire le ratio conseiller-étudiants, tout en leur offrant des programmes de formation continue, afin de les tenir informés des dernières tendances du marché du travail et des méthodes d’accompagnement les plus récentes», insiste Rharib. Autre solution stratégique à mettre en oeuvre dans les mois et les années à venir, utiliser l’outil numérique afin de pouvoir rendre l’information disponible.

«Le développement de plateformes numériques et interactives pourrait fournir aux étudiants des informations actualisées sur les filières ainsi que sur les métiers », souligne El Hammal. Enfin, il faudrait, selon les experts du domaine, s’atteler à créer des institutions spécialisées. « L’Etat doit établir des centres d’orientation régionaux, travaillant en étroite collaboration avec les écoles, les universités et les entreprises pour pouvoir offrir aux étudiants des services d’orientation complets », suggère Youssef Rharib.

Objectif: permettre à ces jeunes d’opérer des choix éducatifs et professionnels éclairés tout en contribuant de manière optimale à l’économie nationale. Autre levier à activer, celui du soutien financier. « Il faudrait allouer des fonds spécifiques au développement des services d’orientation au sein des écoles et des universités, et offrir des incitations fiscales aux entreprises participant activement à des programmes d’orientation et de formation des jeunes ».

Anticiper les tendances du marché

Par ailleurs, la création d’un observatoire national dédié à l’emploi et aux compétences contribuerait à une meilleure anticipation des évolutions du marché du travail et à une orientation plus «proactive» et adaptée. «Ce projet d’observatoire est laissé de côté depuis plusieurs années malgré toutes les annonces qui ont été faites à son sujet», tient à souligner El Hammal. Enfin, la sensibilisation ne doit pas être oubliée. «L’Etat devrait initier des campagnes nationales de sensibilisation pour pouvoir informer familles et étudiants sur l’importance de l’orientation et les ressources disponibles», conclut Rharib.

Et du côté de l’étudiant?

Auto-évaluation et développement personnel: Identifier ses intérêts et ses passions. Des tests d’intérêts professionnels en ligne peuvent aider

Explorer les différentes filières et carrières: Faire des recherches sur les différentes options de filières et de carrières, en utilisant les ressources en ligne, livres et articles pour en savoir plus sur les professions susceptibles de l’intéresser

Participer à des journées portes ouvertes et aux salons de l’étudiant:

Un moyen de rencontrer des représentations d’universités et de professions

Etablir des objectifs clairs: Se fixer des objectifs éducatifs et professionnels pour rester concentré et motivé

Elaborer un plan d’action: Créer un plan détaillé pour atteindre ces objectifs, en incluant des étapes spécifiques et des délais

Suivre les tendances du marché de l’emploi: Lire des rapports et des articles sur les tendances pour comprendre quelles compétences sont les plus demandées

Adhérer à des groupes et des forums: Etudiants et professionnels y discutent de leurs expériences et partagent leurs conseils.

 Karim AGOUMI

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