fbpx
Actualités

Le Maroc peut-il se placer en hub de la formation en Afrique?

  • C’est l’ambition du ministère de l’Enseignement supérieur
  • Les tournées sur le continent et les conventions se multiplient
  • 85% des étudiants internationaux au Maroc sont d’origine africaine
etudiants-18.gif

Le Maroc affiche une ambition claire: devenir un hub régional de la formation, et se positionner en force dans le paysage éducatif africain. Le ministère de l’Enseignement supérieur a en tout cas placé cette vision au cœur de sa stratégie. En témoigne la tournée réalisée en mai 2024 par le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, accompagné d’une délégation de présidents d’université, dans plusieurs pays africains. Le week-end dernier, il était en visite en Gambie, où un accord de coopération académique a été signé. D’autres rencontres sont au menu.
Cette initiative montre l’engagement du ministère pour «établir des partenariats académiques solides à travers le continent», indique Blaid Bougadir, président de l’université Cadi Ayyad de Marrakech.
Attirer plus d’étudiants passe notamment par l’attribution de bourses d’études. Une dynamique «ancienne et bien structurée, qui a montré d’excellents résultats», confie Thami Ghorfi, président de l’ESCA Ecole de Management. Il fait entre autres allusion à l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), qui contribue chaque année à la formation de talents internationaux, dont une majorité sont originaires d’Afrique, «pour accompagner la croissance des pays du Sud». Globalement, près de 80% des étudiants subsahariens poursuivant leurs études au Maroc reçoivent une bourse de l’Etat marocain. «Ces efforts visent à positionner le Maroc non seulement comme une destination étudiante attractive pour les Africains, mais aussi comme un centre d’excellence éducative régionale», affirme le président de l’ESCA. L’objectif s’inscrit d’ailleurs dans le Plan d’accélération de la transformation du secteur (PACTE ESRI 2030).
Les universités publiques ont bien intégré cette tendance. «Les grandes universités font de l’internationalisation un axe central de leur développement», souligne Abdellatif Moukrim, président de l’université Hassan 1er de Settat.

Déjà dans le top 3

Doté d’une position géographique stratégique, à la croisée des chemins entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne, le Maroc dispose d’un avantage certain. Par ailleurs, de plus en plus d’universités marocaines se distinguent dans les classements internationaux. Gabon, Mali, Côte d’Ivoire, Sénégal, Mauritanie, Guinée…, parmi les plus de 25.000 étudiants internationaux qui viennent poursuivre leurs études au Maroc, 85% sont originaires d’Afrique. En 2022-2023, le pays a enregistré une hausse de 25% de ses effectifs étrangers, par rapport à 2017-2018, se positionnant parmi les destinations estudiantines africaines les plus prisées. Il figure, en effet, dans le top 3, derrière l’Afrique du Sud et l’Egypte.
Le président de l’université Cadi Ayyad voit dans ce positionnement un enjeu d’avenir. «En alignant les formations sur les besoins réels du continent, le Maroc peut jouer un rôle clé dans le développement durable de l’Afrique», explique-t-il, précisant l’importance de mettre en place des formations de pointe répondant aux «défis continentaux communs». Tels que le changement climatique, la gestion de l’eau, les ressources naturelles et les énergies renouvelables.
Toutefois, pour l’heure, l’inscription des étudiants étrangers reste strictement cadrée par l’AMCI, qui négocie chaque année les effectifs d’admis avec les différents pays. Les universités publiques n’ont que peu de marge de manouvre à ce niveau, contrairement aux établissements privés qui peuvent inscrire directement leurs étudiants internationaux. Une révision de cette configuration pourrait permettre d’améliorer sensiblement les scores réalisés.

Laura Hue (Journaliste stagiaire)

                                             

Une marge de progression

etudiants-18-1.gif

Pour le président de l’université de Marrakech, l’attractivité de la destination Maroc se confirme d’année en année. A son niveau, il constate une augmentation notable de l’intérêt pour son université auprès des étudiants du continent, notamment après la crise du Covid-19. Pareil pour le président de l’ESCA, qui comptabilise plus de 40 nationalités. Thami Ghorfi observe «une tendance croissante à l’internationalisation de son campus», avec un intérêt particulier des étudiants africains.
Autre indicateur, la multiplication des ouvertures d’antennes des grandes écoles françaises au Maroc (Ecole centrale, ESSEC, TBS, EIGSI, Emlyon, INSA…). Dernière en date, l’ESC Clermont Business School, figurant parmi les 100 meilleures d’Europe, d’après le classement du Financial Times, va ouvrir son premier campus international à Marrakech en septembre 2024. L’un des principaux objectifs relevés: attirer des étudiants d’autres pays africains.
Même si le Maroc semble être en bonne voie pour réaliser ses ambitions, des initiatives permettraient d’accélérer le processus. Comme l’indique Thami Ghorfi, il s’agit notamment de «renforcer encore l’image et la réputation des institutions marocaines qui s’internationalisent», et de «continuer à investir dans des infrastructures et technologies éducatives modernes». Pour Abdellatif Moukrim, président de l’université de Settat, il faudrait mettre en place un «bureau d’information et d’orientation dédié à cette catégorie». Son université va dans ce sens, en faisant participer activement la CESAM (Confédération des étudiants et stagiaires africains au Maroc) au cours de ses journées d’accueil.

De nombreux atouts

«Le Maroc a tous les atouts pour devenir un hub de la formation en Afrique», affirme Blaid Bougadir, président de l’université de Marrakech. Richesse culturelle, accessibilité, coût de la vie abordable, reconnaissance du diplôme marocain au niveau international, opportunités académiques et professionnelles dans divers secteurs: les services, les technologies, la finance… «Le multiculturalisme et la diversité linguistique du Maroc, avec des filières de formation offertes en arabe, en français et en anglais, offrent également de larges opportunités pour les étudiants», ajoute Bougadir.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page