fbpx
Actualités

L’IA dans vingt ans: L’humain dominera toujours, dans un premier temps…

  • Tous les secteurs concernés, à commencer par l’éducation et la santé
  • Risque d’accroître les dispa­rités entre pays riches et pays pauvres

Quand on imagine le futur, on pense forcément à l’intelligence arti­ficielle. Elle fascine, interroge, voire inquiète. Aujourd’hui, elle prend sur­tout une place de plus en plus impor­tante dans notre société, comme le prouve la récente démocratisation de programmes d’IA générative, comme ChatGPT ou Dall-E, entre autres.

lia-077.jpg
Dans son rapport de 2023, le cabinet de conseil britannique Oxford Insights classe le Maroc à la 88e position mondiale, et 6e en Afrique, en matière de préparation à l’IA dans les services publics

Pour Mounir Ghogho, doyen du collège doctoral de l’Université inter­nationale de Rabat (UIR) et directeur de son TICLab, l’IA ne remplacera pas l’humain d’ici 20 ans, néanmoins, son utilisation sera beaucoup plus répan­due. «Je vois l’IA comme un soutien important. D’abord en termes d’édu­cation, elle pourra permettre un suivi personnalisé pour chaque élève». A l’aide des caméras des smartphones, des programmes d’IA pourront détec­ter si un élève est attentif, et s’il com­prend le cours auquel il est en train d’assister. La chercheuse en IA, pro­fesseur à l’université de Marrakech, Hajar Mousannif, a d’ailleurs déjà mis au point une chaise intelligente per­mettant d’évaluer la compréhension des étudiants, il y a de cela quelques années (voir L’Economiste N° 5486 du 2 avril 2019).

mounir-ghogho-077.jpg
Mounir Ghogho, directeur du TICLab de l’Université Internationale de Rabat: «L’IA, comme les autres technologies, n’est ni bonne ni mauvaise. Tout dépend de l’usage qu’on en fait» (Ph. Privée)

«Ce sera aussi un soutien théra­peutique, y compris psychologique», poursuit Ghogho. «Les personnes qui n’ont, par exemple, pas les moyens de payer des séances de psy, pourraient ainsi se confier à des programmes d’intelligence artificielle, disponibles 24/7, et proposant des réponses adap­tées à chaque individu», illustre le chercheur.

De l’agriculture à l’informatique, tous les secteurs visent à être enrichis par l’IA. «De nombreuses personnes préfèrent ne pas voir ça, mais il faut s’y préparer. Bon nombre d’emplois sont amenés à évoluer, voire à dis­paraître. Et ça ne concerne pas que les cols bleus, mais aussi les cols blancs», prévient Ghogho. Ainsi, les chirurgiens comme les avocats seront assistés par de l’IA. Cependant, selon le chercheur, l’humain dominera tou­jours, dans un premier temps.

50% de chances que l’IA prenne le dessus, d’ici 2062

abdessalam-jaldi-077.jpg
Abdessalam Jaldi, spécialiste en relations internationales: «Le Maroc dispose d’un corpus normatif assez conséquent en matière numérique. L’essentiel est d’actualiser ce corpus, afin qu’il corresponde aux transformations technologiques» (Ph. Privée)

Pour certains chercheurs toutefois, l’IA est amenée à prendre le pas sur les Hommes. D’après une étude menée en 2017 par des chercheurs des universi­tés d’Harvard et de Yale, il y a 50% de chances que «l’IA nous domine d’ici 2062». Et il faudra attendre 2137 pour qu’elle puisse remplacer toutes les ac­tivités humaines. Cela reste des pré­dictions, selon Ghogho, qui affirme «qu’il n’y a pas de consensus scienti­fique» sur ce sujet.

L’IA tend aussi à impacter l’éco­nomie mondiale dans les années à venir. Abdessalam Jaldi, spécialiste en relations internationales, rappelle que dans son dernier rapport de 2023, le FMI soutient que «les technologies de l’IA risquent d’accroître les dispa­rités entre les pays riches et les pays pauvres, car les investissements en matière d’IA seront orientés vers les pays riches où l’automatisation est déjà établie».

Les pays ont ainsi intérêt dès à pré­sent à développer l’IA. Notamment en Afrique, où «60% de la population est dépourvue de culture numérique, et que le continent paraît plus que ja­mais en proie à un conflit d’influence technologique entre la Chine et les Etats-Unis», selon Jaldi.

Dans son rapport de 2023, le ca­binet de conseil britannique, Oxford Insights, classait le Maroc à la 88e po­sition mondiale, et 6e en Afrique, en matière de préparation à l’IA dans les services publics. Pour Jaldi, «la pré­paration du Maroc dans le domaine est encore à ponctuer», même si «des réflexions sont déjà amorcées» dans des centres de recherche.

Réglementer l’IA

Souvent dans l’imaginaire collectif, les robots dotés d’intelligence sont perçus comme des ennemis. Pour Mounir Ghogho, «l’IA, comme les autres technologies, n’est ni bonne ni mauvaise. Tout dépend de l’usage qu’on en fait». Pour échapper à un futur dystopique, il faut dès à présent réglementer l’IA d’un point de vue éthique. «Le Maroc a connu une forte activité législative dans le domaine du numérique», explique Abdessalam Jaldi. Deux projets de loi ont été adoptés dans ce sens: La loi sur la cyber­sécurité et la loi relative aux services de confiance pour les transactions électroniques. Selon l’expert, «le Maroc dispose d’un corpus normatif assez conséquent en matière numérique. L’essentiel est d’actualiser ce corpus, afin qu’il corresponde aux transformations technologiques, notamment à la progression de l’IA». Mais d’après Ghogho, «l’IA est allée trop vite pour les lois», et il n’existe aucun texte de référence pour le moment.

La réalité virtuelle pour tous

La réalité virtuelle, ou VR, n’apparaît pas à première vue comme l’avenir en termes d’outil technologique. Même si la sortie en début d’année par Apple du casque Vision Pro prouve que la VR peut être utilisée pour di­verses activités, et non plus seulement pour se divertir, les casques semblent toujours très encombrants, voire «ridicules» pour certains. Pourtant bon nombre de chercheurs y placent beaucoup d’espoir. «En ce moment, des lunettes VR sont en développement, et à l’avenir des lentilles seront dotées de cette technologie. Combinées à l’IA, elles seront utiles au quotidien. Peut-être qu’au début, les gens seront sceptiques, mais au bout de quelque temps, plus personne ne pourra s’en passer, comme ce fut le cas pour les smartphones», assure Mounir Ghogho.

Théo BOISSONNEAU,

journaliste stagiaire

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page