Deux écoles publiques entièrement dédiées à l’IA
- Situées à Taroudant et Berkane, elles forment des ingénieurs
- A la rentrée de septembre, elles comptent monter en régime
Le Maroc a besoin de monter en cadence en matière de formation de talents du digital. La demande dans tous les secteurs va crescendo, transformation numérique oblige. Le ministère de l’Enseignement supérieur s’est engagé à presque tripler le nombre de diplômés dans le domaine par an, d’ici 2027 (voir illustration), en collaboration avec celui de la Transition numérique. Une convention a été signée dans ce sens en novembre 2023.
Parmi les mesures lancées, la création de deux premières écoles publiques d’ingénieurs entièrement dédiées à l’intelligence artificielle (IA) et au numérique, à Taroudant (université d’Agadir) et Berkane (université d’Oujda). Jusque-là, une seule école au Maroc, et parmi les premières au monde, était positionnée sur ce créneau (voir encadré), celle de l’Université Euromed de Fès, créée en 2019. Les deux écoles publiques ont ouvert leurs portes cette année universitaire 2023-2024.
Celle de Taroudant, baptisée «Ecole nationale supérieure de l’IA et des sciences de données», a accueilli à partir d’octobre 2023 une soixantaine d’étudiants des prépas, pour un parcours ingénieur de trois ans. «A la rentrée prochaine, nous monterons à 400 étudiants, et nous élargirons notre offre de filières», annonce le président de l’université d’Agadir, Abdelaziz Bendou. L’école compte déjà un bâtiment dédié dont le coût (extension comprise) avoisine les 38 millions de DH. Une nouvelle extension est prévue.
L’école de Berkane, «Ecole nationale de l’IA et du digital», pour sa part, ne dispose pas encore de local propre. Elle est actuellement hébergée au niveau du club Nahda de Berkane. La construction de son nouveau local est achevée. Restent les équipements, qui devraient être livrés d’ici deux mois. Sa première cohorte est composée de 104 étudiants choisis parmi les élèves des prépas. L’année prochaine, l’école prévoit d’ouvrir ses propres prépas, pour proposer un parcours de 5 ans aux bacheliers. Des passerelles seront accordées aux bac+2. «Même les prépas seront orientées digital», précise Yassine Zarhloule, président de l’université d’Oujda. «Il existe un manque énorme de profils spécialisés en digital et IA, et nos cadres sont très convoités», ajoute-t-il.
L’école de Taroudant envisage elle aussi d’augmenter le nombre de ses étudiants et de ses filières dès septembre prochain.
La toute 1re école de l’IA en Afrique et dans l’espace euroméditerranéen à Fès
Cela fait presque une décennie que l’Université Euromed de Fès (UEMF) fait part de ses ambitions dans l’IA et le numérique. En 2019, elle ouvre la première école d’ingénieurs de l’espace euroméditerranéen et d’Afrique, entièrement dédiée au digital et à l’IA, «l’EIDIA». Aujourd’hui, elle compte près de 700 étudiants. «Mais il ne s’agit pas simplement d’une école, c’est tout un environnement ouvert sur la recherche et l’industrie 4.0 qui est développé, appuyé par des partenariats avec des acteurs mondiaux», précise Mostapha Bousmina, président de l’UEMF. L’EIDIA s’inscrit dans tout un écosystème universitaire ouvert sur la médecine et les biotechnologies, l’industrie 4.0, l’impression 3D et l’agriculture intelligente. L’UEMF possède, en effet, la première plateforme d’impression 3D en Afrique. Elle fabrique aujourd’hui ses propres machines d’impression 3D qu’elle exporte sur le reste du continent. L’université abrite, en outre, une école de biomédical et biotechnologie (EIB), deux facultés, de médecine et de dentaire, un laboratoire pour la fabrication de capteurs, une usine 4.0 (Fez Smart Factory), une agritech… L’EIDIA entretient des connexions avec l’ensemble de ces infrastructures et laboratoires de recherche de l’université, ce qui lui permet d’être associée à une multitude de projets (robotique/cobotique, agriculture smart, médecine du futur…).
Ahlam NAZIH