Que valent les ENSA aujourd’hui?
- Un réseau de 13 écoles disséminées dans 13 villes
- Certaines plus cotées que d’autres
- Prépas intégrées, focus sur les TP, doubles diplômes…,plusieurs atouts
Elles n’ont pas l’histoire ni l’aura des grandes écoles d’ingénieurs classiques créées il y a plus d’un demi-siècle, néanmoins, elles imposent d’année en année leur empreinte. Les Ecoles nationales des sciences appliquées (ENSA), lancées dans les années 90, accueillent aujourd’hui près de la moitié des étudiants des écoles d’ingénieurs publiques (voir illustration). Elles assurent également le tiers des diplômés. A l’échelle des écoles d’ingénieurs relevant des universités publiques, les ENSA reçoivent environ les deux tiers (63,6%) des inscrits en ingénierie, et fournissent près de 49% des diplômés. Mais que vaut vraiment ce réseau d’écoles aujourd’hui?
«Les ENSA représentent le plus grand réseau d’ingénieurs au Maroc. Ce sont des pépinières de talents destinées à nourrir les différentes industries du pays. Engagées dans l’excellence, l’innovation et la recherche, elles produisent plus de 2.000 lauréats par an, prêts à relever les défis technologiques», argue Abderrahim Lahrach, directeur de l’ENSA de Fès. Les ENSA ont la particularité d’intégrer des classes prépas. Elles recrutent ainsi leurs étudiants à partir du bac, et les encadrent tout au long de 5 ans. «C’est pour nous un atout, car nous dirigeons nos étudiants vers les spécialités que nous possédons. Nous ouvrons un concours pour les élèves des prépas externes aussi, mais ils n’arrivent pas à bien se classer par rapport à nos étudiants», confie Mohamed Chafik El Idrissi, directeur de l’ENSA de Kénitra. Son école fait partie des plus cotées, à l’instar de celles de Tanger, Fès, ou encore Marrakech. Eh oui, toutes les ENSA ne se valent pas aux yeux des candidats. Certaines attirent plus de prétendants que d’autres. «Cela est dû aussi à l’environnement de l’établissement. Les ENSA situées dans des grandes villes avec des tissus économiques développés sont naturellement les plus demandées. Ce n’est pas le cas de celles se trouvant dans des villes petites ou peu dynamiques, comme les ENSA de Safi, Béni Mellal ou Al Hoceïma», explique El Hassane Boumaggard, directeur de l’ENSA de Safi.
Les équipements dans les ENSA peuvent également être décisifs dans le choix des bacheliers. Certaines sont dotées d’équipements dernier cri, tandis que d’autres n’ont pas renouvelé leurs infrastructures depuis vingt ans. «Toutefois, toutes les ENSA proposent des filières pointues répondant directement aux besoins de l’industrie. Leur force réside également dans leur formation pratique, avec une forte dose de TP. Au final, nous avons des taux d’insertion professionnelle de 100%», rebondit El Hassane Boumaggard. Son école est surtout positionnée sur des spécialités transversales très demandées, à l’instar de l’informatique et du génie industriel. «Si vous prenez toutes les ENSA, vous trouverez presque toutes les disciplines. Nous avons une offre qui se complète. A Kénitra, nous comptons 6 formations», rajoute Mohamed Chafik El Idrissi.
Les ENSA sont, en outre, engagées dans des partenariats avec des écoles et universités européennes et nord-américaines, pour des doubles diplomations et des échanges d’étudiants. Un avantage très prisé par les étudiants à la recherche d’expériences à l’international. A Kénitra, par exemple, chaque année 80 élèves ingénieurs sont envoyés à l’étranger dans le cadre d’échanges d’étudiants.
A l’avenir, le réseau des ENSA pourrait encore plus se développer, selon les directeurs contactés. Surtout avec le cahier de normes pédagogiques en préparation, et les nouveaux partenariats initiés.
Zéro chômage !
Les ENSA contactées revendiquent des taux d’insertion professionnelle de 100%. Une bonne part des étudiants décroche même des contrats de pré-embauche au cours de son stage de fin d’études. «Nous recevons tout le temps des entreprises à l’affût de nos meilleurs lauréats», témoigne le directeur de l’ENSA de Safi. «Nos relations étroites avec le monde de l’entreprise favorisent l’insertion professionnelle de nos diplômés», souligne celui de l’ENSA de Fès, qui possède des partenariats avec de grandes enseignes, tels que Capgemini et Alten, entre autres. A Kénitra, l’école gère des partenariats avec pratiquement toutes les entreprises de la zone franche, Atlantic Free Zone. Même à l’école de Safi l’on retrouve de grands groupes, comme l’OCP, Maroc Telecom ou encore Huawei.
Bientôt les échanges d’étudiants au sein du réseau
Le projet de cahier de normes pédagogiques des écoles d’ingénieurs en cours de validation promet plusieurs nouveautés. Parmi elles, la mobilité des étudiants au sein du réseau des ENSA. Les élèves ingénieurs pourraient ainsi changer de ville pour effectuer tout un semestre au sein d’une autre ENSA. Autre nouveauté, l’enseignement d’un module en arabe, et la possibilité de proposer des modules, voire toute une filière en anglais. Le projet de fin d’études devrait aussi être validé à part par les étudiants. Il n’aurait ainsi aucune incidence sur la moyenne générale. Pareil pour les modules de langues et de soft skills.
Ahlam NAZIH