A quoi ressemblera l’ingénieur du futur?

- Interdisciplinarité, adaptabilité, intelligence émotionnelle … Les compétences de demain
- Intelligence artificielle, automatisation… Les domaines 4.0 à maîtriser
Les écoles d’ingénieurs se comptent par dizaine au Maroc. Leur mission? Préparer les futurs professionnels du domaine à développer une polyvalence et une adaptabilité au monde de l’innovation. Un défi que réussissent certaines plus que d’autres, parvenues à sortir du lot de par leur réputation, la qualité de leur enseignement ou encore leurs infrastructures. Suivez le guide…
Les avancées technologiques rapides et les défis sociétaux complexes sont en train de changer radicalement la face du monde. Une véritable «permacrise» face à laquelle les ingénieurs de demain devront posséder un ensemble de caractéristiques clés dépassant les compétences techniques traditionnelles. Pour relever ces défis, les futurs praticiens devront se montrer à la fois digitalement intelligents, ouverts sur le monde extérieur et intellectuellement agiles.

L’ingénieur du futur devra tout d’abord être technologiquement compétent dans un monde en pleine transition numérique, caractérisé par l’augmentation des technologies émergentes (intelligence augmentée) et l’hétérogénéité des systèmes. Il devra apprendre à maîtriser ces technologies (en particulier l’intelligence artificielle et l’automatisation) et savoir les utiliser à bon escient dans ses projets, en prenant en considération les normes de cyber sécurité. «La première compétence légitime pour laquelle l’ingénieur est reconnu est la compétence technique. Cette compétence sera demain révolutionnée par l’effet de l’avènement de l’IA qui va faire que la machine sera capable de résoudre de nombreux problèmes techniques», confie à ce sujet Abdelmounim Belalia, directeur général de l’université Mundiapolis et professeur de management stratégique. Pour lui, l’ingénieur qui ne maîtrise pas l’usage de l’IA sera de ce fait «désuet». «L’ingénieur devrait avoir des compétences scientifiques et techniques assez avancées. Donc une maîtrise approfondie des principes d’ingénierie, ainsi que la capacité à les appliquer dans divers contextes dans le monde du futur», complète par ailleurs Bouchra By, directrice générale de LCI Education au Maroc et directrice générale de HEM Business & Engineering School. Comptant également parmi les compétences essentielles qui feront l’ingénieur de demain, l’interdisciplinarité et l’adaptabilité ne doivent pas être négligées. Elles lui permettront de faire face à la pluralité des systèmes et au croisement plus dense de ses différentes disciplines. «L’ingénieur du futur doit être capable de prendre en charge un problème dans toutes ses dimensions, qu’elles soient techniques, sociales ou encore économiques. L’époque durant laquelle les ingénieurs étaient uniquement capables de résoudre des équations mathématiques compliquées est aujourd’hui révolue, le monde ayant changé avec une complexité de l’environnement professionnel devenue plus importante», assure le DG de Mundiapolis. Sur le plan humain également, l’ingénieur de ces prochaines années devra développer de solides compétences relationnelles. Il sera amené à devenir un communicant tout-terrain, et à constamment faire usage de l’intelligence émotionnelle. En effet, l’ingénieur ne travaillera plus seul mais en équipe, l’entraide et l’émulation entre les collaborateurs devenant alors cruciales pour pouvoir faire aboutir leurs projets.

«L’ingénieur du futur doit disposer du savoir-être et de l’intelligence relationnelle qui lui permettra de bâtir des liens constructifs à la résolution des problèmes et de mettre en place des solutions viables dans toutes les dimensions», précise Belalia. «Une autre compétence qui sera de plus en plus importante à développer pour l’ingénieur du futur est l’intelligence émotionnelle, renvoyant à la capacité à comprendre et à gérer ses propres émotions mais également celles des autres», appuie Bouchra By. Outre la capacité à communiquer plus efficacement avec des équipes multidisciplinaires, il devra également être en mesure d’expliquer de manière pédagogique des concepts complexes mais, aussi, de vulgariser ses projets et de savoir les présenter au grand public. Enfin, l’ingénieur de ces prochaines années ne se contentera plus d’exercer au sein d’entreprises établies. Sa capacité à identifier des opportunités et à prendre des initiatives développeront sensiblement son esprit entrepreneurial. «Il devra également être orienté innovation et créativité. La capacité à innover et à penser de manière créative est la clé pour résoudre des problèmes et développer de nouvelles solutions», conclut Bouchra By.

Ethique et responsabilité sociale
L’ingénieur de demain devra prendre conscience de l’impact de ses actions sur la société et l’environnement. Ses décisions devront être constamment guidées par l’intégrité éthique, la responsabilité sociale et la durabilité. «La prise en compte de la RSE deviendra une nécessité dans ce métier. L’ingénieur devra être régulièrement formé aux questions éthiques et être capable d’innover tout en respectant la transition écologique». «La connaissance des enjeux environnementaux permettrait à l’ingénieur une meilleure compréhension des principes du développement durable et de l’écoconception», ajoute à ce sujet Bouchra By.
Nouveaux métiers
– Ingénieur en fabrication additive: Spécialisé dans l’impression 3D, il conçoit des pièces industrielles afin d’optimiser le process de fabrication.
– Ingénieur en cobotique: Il facilite la collaboration entre humains et robots, la base de la cobotique étant la coopération d’un robot avec l’être humain et non plus son remplacement.
– BIM (Building Information Modeling): Manager chargé de la maquette numérique d’un projet de construction de bâtiments, couvrant à chaque étape ses caractéristiques et l’ensemble de ses besoins (moyens humains, délais, coûts…)
Les défis de l’ingénieur du futur
• La transition écologique
• La sécurisation des personnes et des systèmes
• La préservation des ressources
• La cohabitation des hommes et des machines
• L’intégrité et l’éthique des technologies.
Karim AGOUMI