Spécialités médicales: Quelles sont les plus dures?
Les métiers de la médecine dans leur globalité sont challengeants. Néanmoins, certaines spécialités sont réputées sensiblement plus ardues que d’autres en raison du niveau de stress qu’elles engendrent au quotidien, ou encore de leur pénibilité. Des facteurs qui influent le choix d’orientation des étudiants et peuvent entraîner, dans certains cas, des pénuries.
■ Réanimation: Soigner dans l’urgence
Comptant parmi les domaines réputés pour être parmi les plus difficiles de la médecine, la réanimation fait hésiter les étudiants par ses conditions de travail stressantes et épuisantes. «La réanimation est une spécialité qui prend en charge les patients en état critique, parfois entre la vie et la mort. Elle nécessite une prise de décision rapide face à des situations critiques», confie Dr Sarah Seknaji, chirurgien dentiste, spécialisée en odontologie pédiatrique et orthodontie. Cette spécialité impose aussi un rythme de travail élevé, avec de longues heures d’exercices au cours desquelles le praticien doit faire preuve d’un sens minutieux de l’analyse et de beaucoup de dextérité. «Les permanences dans ce cadre sont fréquentes et les répercussions psychologiques ne sont pas rares», souligne Dr Saâd Agoumi, gynécologue osbstétricien et président fondateur du Collège des médecins spécialistes privés. Enfin, pour de nombreux praticiens, le niveau de reconnaissance et de rémunération demeurent faibles en comparaison aux efforts engagés.
■ Chirurgie: Technicité et endurance physique
La pratique de la chirurgie est lourde en responsabilités et hautement pourvoyeuse de stress. «C’est un domaine pour lequel toute erreur ou négligence se veut irratrapable», précise à ce sujet Dr Saber Boutayeb, professeur en oncologie médicale. La neurochirurgie, notamment, requière une technicité et une dextérité élevées. «La neurochirurgie nécessite de longues heures d’intervention, des compétences techniques et un sens aigu du détail et de la précision», tient à souligner Dr Sarah Seknaji. C’est également le cas de la chirurgie cardiaque. Une discipline au sein de laquelle les risques professionnels sont pointus et le niveau de formation demandé particulièrement long», tient à souligner Dr Saâd Agoumi. S’ajoutent enfin la composante physique de ce métier qui, pour certains de ses aspects, peuvent faire passer le chirurgien pour un athlète. «Une opération chirurgicale peut durer jusqu’à une dizaine d’heures, ce qui requière une bonne condition physique et de la patience», explique Dr Saber Boutayeb.
■ Obstétrique: Une disponibilité quasi-permanente
Parmi les autres spécialités connaissant de plus en plus de «désertification», l’obstétrique -qui étudie la prise en charge de la grossesse et de l’accouchement – réclame une disponibilité quasipermanente du médecin praticien, afin de pouvoir répondre aux besoins des futures mamans. «Les médecins doivent les accompagner médicalement, psychologiquement et socialement. Des tâches multiples qui semblent faire fuir de plus en plus d’étudiants», nous explique Dr Saâd Agoumi. La discipline a la particularité de devoir «prendre soin» de deux personnes en même temps, à savoir la maman et l’enfant qu’elle porte durant neuf mois, et de garantir un accouchement dans des conditions optimales. Enfin, cette spécialité est connue pour son aspect médico-légal. «Toute complication, y compris celles ne relevant pas de la faute médicale, peut entraîner un climat de suspicion obligeant les praticiens à dispenser de longues séances d’information afin d’envisager toutes les éventualités avec la femme enceinte et son conjoint», souligne Dr Saber.
■ Radiologie: Une mise à jour continue des compétences
La radiologie est une spécialité qui nécessite de se mettre continuellement à la page, que ce soit en matière de matériel utilisé (particulièrement coûteux) que de compétences requises. «La radiologie est marquée par une constante évolution technologique nécessitant une mise à jour continue des compétences et de lourds investissements», confie à ce sujet Dr Saad Agoumi.
■ Oncologie: Une charge mentale pesante
L’oncologie, spécialité médicale de diagnostic et de traitement des cancers, nécessite de rester à la page des dernières innovations diagnostiques et thérapeutiques dans ce domaine. La discipline comporte également une charge mentale particulièrement élevée. «Cette discipline implique de faire face à la demande de soutien psychologique énorme que requiert les patients et leurs proches. D’autres spécialités liées aux soins des pathologies chroniques imposent aussi une charge mentale pesante, tels que les soins palliatifs ou encore la neurologie», confie Saber.
■ Psychiatrie: Gérer les crises émotionnelles
Les métiers de la santé mentale ne sont pas les plus faciles à exercer. Ils comportent, outre une charge mentale pesante, des contraintes émotionnelles. «Ces contraintes représentent un véritable défi lors de la prise en charge des patients, plaçant souvent le médecin face à des situations imprévisibles telles que les crises de pleurs ou d’anxiété», confie à ce propos Kenza Lahjouji, étudiante en 4e année de médecine à l’UM6SS. Outre la gestion délicate de ces crises, le psychiatre doit faire face à la complexité des différentes diagnostics existants. «Leur évaluation se base le plus souvent sur des symptômes subjectifs pouvant changer d’une personne à l’autre», complète-t-elle.
Réviser les rémunérations pour une plus grande accessibilité
AFIN de rendre ces spécialités plus attrayantes et accessibles aux étudiants, il serait judicieux de revoir leur rémunération. «A mon sens, il faudrait réévaluer les barèmes de rémunération pour pouvoir refléter l’importance de toutes les spécialités médicales. Introduire des primes incitatives pour les spécialités en pénurie serait également une action stratégique», souligne Dr Saad Agoumi. Mais l’accent doit aussi être mis sur l’image de ces disciplines, en faisant appel à des campagnes de sensibilisation susceptibles de mettre en avant les avantages et les défis spécifiques à chaque spécialité. Enfin, l’amélioration des conditions de travail par la mise en place de politiques visant à réduire la charge d’heures pourrait changer la donne et assurer une répartition équilibrée des ressources médicales.
Karim AGOUMI