Formation en sciences de la santé : Le privé continue de gagner des parts de marché
- Le secteur double ses effectifs en 5 ans
- Il assure désormais 30% des capacités d’accueil
Le supérieur privé mise sur les sciences de la santé depuis des années déjà. Plusieurs universités, facultés et écoles entièrement dédiées à ce domaine ont vu le jour, et de nouveaux investissements sont prévus. L’Université internationale de Rabat (UIR), par exemple, vient d’annoncer un investissement de 681 millions de DH, pour la construction d’un hôpital universitaire, deux bâtiments d’enseignement, un centre de simulation médicale et un centre de recherche en sciences de la santé.
Uniquement sur les 5 dernières années, les écoles et universités privées, ainsi que celles en partenariat avec l’Etat, et celles se revendiquant du «3e secteur» (à but non lucratif, gérées par des fondations) ont doublé le nombre de leurs étudiants. Chaque année, elles augmentent sensiblement leurs inscriptions. En termes de lauréats, le nombre a quasiment triplé sur 5 ans (voir illustration). Et ce n’est pas près de s’arrêter. Désormais, le supérieur privé accueille près de 30% des étudiants en sciences de la santé, et assure plus du tiers des diplômés (voir illustration), et il continue d’élargir sa part de marché.
«Les effectifs continueront d’augmenter, pour la simple raison que le Maroc se classe en queue de peloton dans le monde arabe. En matière de médecins, nous sommes derrière le Yémen, et même la Palestine qui est en guerre. Nous avons un très grand retard à rattraper, que ce soit en termes d’effectifs ou de distribution territoriale», souligne Mostapha Bousmina, président de l’Université Euromed de Fès (UEMF). Son université a lourdement investi dans ce domaine de formation. Elle possède aujourd’hui des facultés de médecine, de dentaire, de pharmacie et de sciences infirmières, ainsi qu’une école d’ingénierie biomédicale. «Cette hausse des inscriptions s’explique par deux facteurs: Le besoin considérable en professionnels de santé, accentué par l’élargissement de la couverture sanitaire, visant 22 millions de Marocains. L’offre privée de santé a ainsi été boostée. Toutefois, des opérateurs peinent à trouver du personnel paramédical dans les villes où ils sont implantés. Cela a induit une demande très importante de formations», relève Abdemounim Belalia, DG de l’université Mundiapolis, qui possède une faculté des sciences de la santé. Entre 2021-2022 et 2022-2023, cette faculté a presque doublé ses nouvelles inscriptions, passées de 68 à 149, tandis que le nombre total de ses étudiants est passé de 156 à 271.
Le Maroc a besoin de 32.000 médecins et de 65.000 infirmiers pour venir à bout de sa pénurie en personnel médical, déclarait le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, en 2022. La même année, tout un programme d’augmentation des effectifs des professionnels de santé d’ici 2030 a été lancé. L’objectif est de passer de 17,4 pour 10.000 habitants en 2021 à 24 en 2025, puis à 45 en 2030. Pour y arriver, il est question de doubler le nombre de diplômés en médecine, pharmacie et dentaire, et tripler celui des lauréats des instituts supérieurs des professions infirmières et techniques à l’horizon 2025. Un effort considérable doit être consenti, et les opérateurs privés de la formation ne seront pas en reste de cette dynamique.
• Des acteurs à part entière
«En tant qu’institution à but non lucratif, nous ne sommes pas un simple complément à la formation dans le public. Nous assurons en plus d’autres services. A titre d’exemple, nous accueillons des étudiants qui ne peuvent étudier ni dans le public, ni dans le privé. Ce sont de jeunes brillants mais issus de milieux très défavorisés, et souvent venant de très loin. Ils ne peuvent s’acquitter des frais de scolarité du privé, ni du coût engendré par des études loin de chez eux dans le public (restauration, hébergement et frais divers). Il y a aussi le cas de ceux à besoins spécifiques. Nous les prenons en charge entièrement».
• Un nouveau centre de simulation
«Les investissements dans la formation en sciences de la santé vont se poursuivre dans les prochaines années. A notre niveau, nous sommes en train de construire un centre de simulation, qui ouvrira ses portes à la rentrée de septembre, afin de renforcer la qualité de nos parcours. Pour l’instant, nous avons une faculté dédiée aux sciences de la santé, et nous restons ouverts sur de nouvelles opportunités pour répondre aux besoins du marché».
Ahlam NAZIH