La montée en gamme de l’enseignement supérieur privé
- Emergence de grands campus universitaires
- Diplômes équivalents, accréditations, classements prestigieux…
- Une multitude de conventions avec des institutions étrangères
Au cours des quinze dernières années, l’enseignement supérieur privé au Maroc a entamé une véritable transformation. Le mouvement a démarré à partir de 2010, date d’apparition des universités privées, affichant de grandes ambitions, mobilisant des moyens considérables et challengeant ainsi les écoles en place. Dans un marché plus concurrentiel, les opérateurs ont été contraints de monter en gamme.
L’introduction de la reconnaissance de l’Etat à partir de 2015, ce label permettant aux écoles et universités de délivrer, pour la première fois, des diplômes équivalents à ceux du public, a intensifié le niveau de compétition. De nombreux établissements ont depuis relevé le défi de décrocher la reconnaissance de l’Etat, et ont mis à niveau leurs infrastructures et leurs conditions de formation. Certains ont investi dans des campus imposants, recruté plus d’enseignants permanents et renforcé leur recherche académique. «Le secteur privé a réalisé une mue remarquable. Cela s’est traduit par une amélioration significative des infrastructures, avec plus de services aux étudiants, l’amélioration de la qualité de l’enseignement et le développement de la recherche qui n’existait pas il y a 10 ans dans les établissements privés», pense Thami Ghorfi, président de l’ESCA Ecole de Management. «La reconnaissance de l’Etat, et le travail fourni par les établissements, ont permis d’offrir des alternatives crédibles et compétitives par rapport à des institutions étrangères», nous a confié pour sa part Olivier Aptel, DG de Rabat Business School (RBS, relevant de l’Université internationale de Rabat).
Processus d’internationalisation
Les écoles et universités marocaines de premier rang tentent de se placer aujourd’hui en alternative de premier choix pour les étudiants qui considèrent l’option de l’étranger. En parallèle, elles misent sur les accréditations internationales de référence dans leur domaine. Ces dernières années, RBS et l’ESCA, par exemple, ont réussi à obtenir l’AACSB consacrant l’excellence académique. Un titre que seules 5% des écoles de commerce et de management dans le monde détiennent. RBS est également parvenue à se classer parmi le top 50 mondial des business schools, selon le ranking du Times Higher Education. Elle est la seule en Afrique et au Moyen-Orient à y figurer.
Les institutions marocaines ont, en outre, accéléré leur ouverture sur l’international, à travers une multitude de conventions, offrant des opportunités d’échanges à l’étranger et de double diplomation. Elles redoublent, par ailleurs, d’efforts pour attirer plus d’étudiants internationaux, notamment africains, à travers des bourses d’études, mais aussi, un service d’accompagnement dans toutes les démarches et formalités administratives pour simplifier leur arrivée au Maroc. Certaines leur assurent même le transport et le logement. La part moyenne des internationaux dans le secteur privé est actuellement de près de 13%. Mais dans certaines écoles, ce pourcentage peut dépasser les 40%. Globalement, le privé capte environ 36,5% des étudiants étrangers au Maroc.
Les écoles françaises parient sur le «hub Maroc»
Plusieurs écoles françaises de renom ont choisi d’élire domicile au Maroc ces dernières années. C’est le cas de l’Ecole Centrale, l’Essec, Arts et Métiers (ENSAM), l’Emlyon, Toulouse Business School, l’INSA, l’EIGSI… L’INSA est actuellement en train de chercher un nouveau partenaire marocain pour maintenir son activité dans le pays.
En 2018, ces écoles ont créé leur propre réseau, «Africa Sup». «L’objectif est de fédérer nos forces pour augmenter la visibilité de l’offre des écoles françaises au Maroc», explique Hugues Levecq, directeur de l’Essec Afrique, basée à Salé. L’idée est de recruter un maximum d’étudiants africains, qui viendraient au Maroc pour ensuite bénéficier d’une mobilité à l’international, grâce aux accords académiques que possèdent les écoles françaises dans le monde.
Ahlam NAZIH